
April 17, 2024
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L’électricité ne se stocke pas, toute l’électricité produite doit être consommée instantanément, et inversement. En cas de déséquilibre entre production et consommation, la stabilité du réseau électrique est mise à mal.
RTE, en tant que gestionnaire du réseau de transport, a pour mission d’assurer cet équilibrage en temps réel afin de fournir une électricité de qualité.
Créé en 2000, RTE (Réseau de Transport d’Électricité) a hérité de l’infrastructure de transport haute tension et des dispatchings de gestion du système électrique d’EDF. Sur cette base, RTE a conçu des mécanismes de marché, a collaboré à la création de la bourse de l’électricité, a mis en œuvre le couplage des marchés avec nos voisins, a développé les effacements électriques et a adapté son réseau à l’intégration des ENR.
Dans cet article, SirEnergies vous explique l’enjeu de l’ajustement de l’offre et de la demande, vous présente certains moyens mis en œuvre par RTE, comme le mécanisme d’ajustement, et vous explique le rôle de chef d’orchestre que RTE joue pour maintenir l’équilibre du réseau électrique.
La qualité de l’électricité est une notion reposant sur trois grands critères : continuité de l’alimentation, qualité de l’onde de tension et qualité de service.
La continuité de l’alimentation repose sur la stabilité de la fréquence et la durée admissible des coupures d’électricité (1 h/an en moyenne). La qualité de l’onde de tension est caractérisée par sa valeur nominale, 400 V en triphasé, et le maintien de sa fréquence à 50 Hz.
De cette qualité dépend le bon fonctionnement des appareils électriques soutirant de l’électricité sur le réseau : de l’électrolyse d’aluminium de plus de 650 MW au grille-pain de 800 W du petit-déjeuner, en passant par la lumière de nos villes. Pour assurer cette qualité, RTE (Réseau de Transport d’Électricité) dispose d’outils d’équilibrage de la fréquence et de maintien de la tension.
Pour gérer l’équilibrage du réseau, au temps du monopole, EDF disposait, côté offre, de moyens de production pilotables et, côté demande, de l’EJP (Effacement Jours de Pointe) et de la tarification HP/HC (Heures Pleines / Heures Creuses).
Avec l’entrée en service du mécanisme d’ajustement en 2003, RTE s’est doté d’un marché day ahead dédié à l’équilibrage, mécanisme présenté ci-après.
En 2020, la production nette d’électricité en France s’est établie à 510 TWh.
Comparée à 2019, elle a baissé de 6,8 % du fait d’indisponibilités sur le parc électronucléaire, de retards accumulés dans la maintenance de ce parc du fait de la crise sanitaire, et de la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim. La crise sanitaire a également entraîné une baisse de la demande et, par ricochet, une baisse de 9,1 % de la production thermique de pointe.
Seule la production d’ENR a augmenté (éolien +17,2 %, PV +11,1 %, hydraulique +8,3 %) du fait de conditions météorologiques favorables et de l’augmentation du parc éolien.
En 2020, les facteurs de variation de la demande ont été dominés par la crise sanitaire qui, comme en 2019, a fortement contribué à une baisse de l’activité.
Les facteurs de variation de la demande sont :
La météorologie :
Les rythmes de vie impactent l’activité économique et génèrent des creux de consommation :
Le pilotage de la demande :
Les démarches citoyennes de maîtrise de la consommation d’électricité :
L’horaire légal : horaire d’été ou horaire d’hiver :
Les événements exceptionnels :
En 2019, la facture d’électricité des Français s’élevait à 54 Md€, pour une consommation de 473 TWh.
En 2020, la crise sanitaire et ses conséquences économiques ont ramené la consommation des Français à 424 TWh, en repli de 3,2 % par rapport à 2019.
Depuis 1990, cette consommation a été multipliée par 1,5 du fait d’une augmentation de la part du résidentiel et du tertiaire :
RTE surveille le réseau à chaque seconde. L’article L.321-10 du code de l’énergie confie à RTE la mission d’assurer « à tout instant l’équilibre des flux d’électricité ainsi que la sécurité, la sûreté et l’efficacité de ce réseau, en tenant compte des contraintes techniques pesant sur celui-ci ».
À la seconde, RTE dispose d’outils pour monitorer le réseau de transport d’électricité et réagir en temps réel pour maintenir l’équilibre entre injection et soutirage.
RTE dispose tout d’abord de technologies de pointe pour corriger automatiquement tout défaut sur le réseau :
En termes d’organisation, RTE dispose de moyens techniques et humains :
En termes de mécanismes, RTE peut agir en utilisant par exemple :
RTE réalise des analyses en permanence :
Une partie de ces informations est disponible sur la plateforme RTE éCO2mix, comme la surveillance des échanges aux frontières.

Source : RTE, éCO2mix
Le mécanisme d’ajustement, qui fait partie des réserves tertiaires, a été mis en place par RTE en 2003, en application de ses missions légales (notamment l’article L.321-10 du Code de l’énergie) et statutaires, en vue d’assurer les quatre fonctions suivantes :
Ce marché journalier, dit « day ahead », permet à RTE d’acheter des capacités de production ou d’effacement à des acteurs d’ajustement qui sont des producteurs ou des consommateurs. Ces derniers peuvent participer directement ou via des agrégateurs.
Les producteurs peuvent proposer d’augmenter ou de baisser leur production d’électricité et les opérateurs d’effacement peuvent proposer de diminuer leur consommation. En cas de besoin d’ajustement, RTE active les offres d’ajustement selon leur préséance économique.
En 2020, le volume global d’ajustement s’établit à 10,1 TWh et représente 2,3 % de la consommation brute d’électricité.
Lundi 4 avril 2022, RTE anticipait une situation compliquée avec la vague de froid et avait demandé aux entreprises et collectivités de limiter leur consommation entre 7 h et 10 h du matin.

Source : RTE, éCO2mix
Le signal national Ecowatt est passé à l’orange. La consommation nationale est montée à 71 609 MW à 8 h 45, soit un peu moins que la prévision qui anticipait 72 400 MW à 9 h en J-1. Entre 8 h et 8 h 30, pour l’équilibre du système, RTE a activé 762,82 MWh d’énergie à la hausse.
Les possibilités de stockage de l’électricité étant très limitées, voire quasi nulles, toute l’électricité produite doit être consommée instantanément ; c’est pourquoi RTE cherche à anticiper en permanence les évolutions de la consommation électrique afin d’activer à tout instant les moyens d’ajustement nécessaires.
Le premier outil dont dispose RTE pour assurer l’équilibrage entre la production et la consommation est le placement des unités de production sur la courbe de charge. Ce travail consiste, pour RTE, à empiler, quart d’heure par quart d’heure, ces unités par préséance économique (merit order), jusqu’à la couverture complète de la consommation.
La production totale doit non seulement couvrir la consommation nationale, mais aussi les exportations et le pompage des STEP.

Source : RTE, éCO2mix
Prévoir la consommation d’électricité de demain est un travail essentiel réalisé par les acteurs du marché et par les pouvoirs publics. Ce travail permet de prévoir les investissements nécessaires dans les nouveaux moyens de production et de concevoir des politiques publiques de réduction des consommations énergétiques : rénovation du parc immobilier résidentiel, réduction des gaz à effet de serre, appels d’offres, effacement, etc.
Du temps du monopole, cette vision globale était assurée par EDF : à très long terme pour la planification stratégique des investissements dans de nouvelles centrales de production, à moyen terme pour le placement de l’entretien des centrales nucléaires, à court terme pour le démarrage de groupes thermiques ou le déclenchement des effacements EJP.
Aujourd’hui, ce travail est réalisé en partie par RTE, qui a développé un certain nombre de nouveaux dispositifs afin de gérer l’équilibrage à différents horizons de temps pour anticiper l’équilibre en temps réel de l’offre et de la demande. Le schéma ci-après illustre cette démarche.

Fin octobre 2021, RTE, très engagé dans la transition énergétique, a présenté une étude pour décarboner le système électrique d’ici à 2050.
À partir d’une modélisation du système énergétique (schéma ci-dessous) et de facteurs d’influence à long terme comme : la croissance démographique, l’évolution de l’activité économique, l’électrification des transports, la transformation des outils de production industrielle, la rénovation énergétique des logements, la modification des modes de vie avec le télétravail, les circuits courts et l’économie circulaire, etc., RTE a construit 3 grands scénarios d’évolution de la consommation d’énergie.

Source : Futurs énergétiques 2050 - Le rapport complet (février 2022)
Dans cette étude, RTE prévoit une croissance de la consommation d’électricité de 35 %, soit une consommation d’électricité de 650 TWh à l’horizon 2050 pour compenser la fin des énergies fossiles.
Nous avons résumé le rapport de RTE sur les Futurs Énergétiques 2050 dans cet article.
Avec le développement des énergies renouvelables, et notamment des éoliennes et des panneaux solaires, énergies intermittentes par nature, le besoin de RTE évolue vers un besoin croissant d’outils de pilotage décarbonés (par opposition à la centrale rapide thermique à gaz) comme l’effacement électrique.
Ceci passe notamment par le développement de VPP (Virtual Power Plant) permettant d’agréger à grande échelle des capacités d’effacement pilotables automatiquement, et par la mise en place de Smart Grids de plus en plus intelligents, grâce à l’IA (Intelligence Artificielle), aux objets connectés (compteur Linky) et au développement à venir de la 5G.

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Parmi les taxes figurent la TICFE, la TICGN, la CTA, la CJA et le TURPE. Elles représentent une part significative de la facture et varient selon les profils de consommation. Bien les comprendre est essentiel pour optimiser les coûts.
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Ce sont des signaux envoyés par RTE lors des périodes de tension sur le réseau électrique. L’outil Sirenergies vous informe en temps réel pour anticiper vos usages.
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Un appel d’offres permet de mettre en concurrence plusieurs fournisseurs d’électricité et de gaz afin d’obtenir des conditions contractuelles optimisées. C’est une démarche transparente qui permet de choisir l’offre la plus adaptée aux besoins budgétaires et techniques de l’organisation.
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Les collectivités sont soumises à des taxes comme la TICFE ou la TICGN. Sirenergies analyse les factures, identifie les possibilités d’exonération et corrige les erreurs éventuelles pour réduire la charge fiscale.
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Les entreprises du tertiaire doivent gérer leurs coûts d’énergie tout en garantissant le confort des usagers (bureaux, commerces, services). Les consommations sont souvent liées au chauffage, à la climatisation et à l’éclairage, ce qui nécessite un suivi précis pour éviter les dérives budgétaires.
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Le €/MWh est une unité de prix utilisée sur les marchés de gros, tandis que le kWh est l’unité visible sur vos factures.
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Certaines entreprises peuvent obtenir une exonération partielle ou totale de la TICFE ou de la TICGN, en fonction de leur activité et de leur intensité énergétique. L’accompagnement d’un expert permet d’identifier les critères d’éligibilité et de monter le dossier.
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Une facture se compose de plusieurs éléments : consommation, part fournisseur, taxes et contributions. L’analyse de chaque ligne permet d’identifier d’éventuelles erreurs et de vérifier la cohérence avec le contrat signé.

