Virginie
LEFÈVRE
Rédactrice Sirenergies
Table des matières
June 5, 2024
8
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Les tarifs d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE) représentent près du tiers de la facture totale d’électricité. Ses dernières évolutions ont impacté à la hausse la facture énergétique des entreprises et des particuliers.
Mais à quoi sert ce tarif ? Comment est-il calculé ? Qui le fixe ? Quels sont les mécanismes économiques qui le composent ? Peut-on l’optimiser pour réduire le montant de la facture énergétique ? Quel TURPE s’applique aujourd’hui et quelle évolution est attendue en 2025 avec le nouveau TURPE 7 ? Éclairage.
Le TURPE sert à financer l’acheminement de l’électricité des centres de production aux consommateurs. Plus précisément, il couvre les coûts des investissements sur les réseaux publics de transport et de distribution d’électricité.
En France, la gestion des réseaux publics d’électricité est placée sous la responsabilité de RTE pour le transport, et d’Enedis et des Entreprises Locales de Distribution (ELD) pour la distribution.
Ces entreprises ont notamment pour mission de maintenir, développer et moderniser les réseaux électriques afin de garantir la sécurité des approvisionnements.
Prélevé directement sur la facture d’électricité des consommateurs, le TURPE finance ces missions de service public. Les gestionnaires de réseau perçoivent la totalité des recettes du TURPE, calculé au plus près de leurs besoins par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE).
C’est leur source principale de revenus pour investir. Les exploitants ne réalisent aucun bénéfice sur ces activités de monopole.
Le TURPE se décline en deux tarifs :
Le TURPE est régi par la CRE dans le cadre de sa mission de régulation des réseaux d’énergie. L’objectif : garantir la qualité du service public de l’électricité, tout en maintenant des prix et tarifs justes, aussi bien pour les gestionnaires de réseau que pour les consommateurs.
Le TURPE repose sur 4 principes fondamentaux qui définissent sa structure et sa méthode de calcul :
Au-delà de ces principes, le TURPE est calculé à partir de deux éléments structurels : la structure tarifaire et le niveau :
La structure tarifaire varie d’une période de TURPE à l’autre, soit tous les quatre ans. Le niveau est ajusté chaque année au 1er août, pour tenir compte de l’inflation, de l’évolution annuelle des coûts et de la régulation des charges et des produits des gestionnaires de réseau (CRCP). Ces derniers doivent justifier auprès de la CRE de l’augmentation de leurs coûts pour espérer bénéficier d’une hausse de tarif.
Les choix de la structure et du niveau du TURPE sont le fruit d’un travail collectif et d’un dialogue régulier entre la CRE, les gestionnaires de réseau et les utilisateurs. Les discussions s’articulent autour de plusieurs consultations publiques organisées pendant plusieurs mois, ponctuant le travail de construction du tarif.
Le tarif du TURPE est proposé par la Commission de Régulation de l’Énergie pour une période de quatre ans. Il est publié au Journal Officiel après approbation du gouvernement.
Pour calculer le TURPE, les experts de la CRE procèdent en 4 étapes :
Pour exemple, les utilisateurs de niveau HTB1 vont devoir payer pour un MW de puissance 83 % du coût unitaire du réseau HTB2 et 76 % du coût unitaire du réseau HTB3.
Le TURPE est payé par tous les consommateurs finals d’électricité, directement sur leur facture. Son calcul dépend du type de client et de son profil de consommation.
Pour les consommateurs résidentiels, ainsi que pour la majorité des professionnels et entreprises, le TURPE est intégré directement à la facture d’électricité. Les montants collectés par les fournisseurs d’énergie sont reversés dans leur intégralité aux gestionnaires des réseaux électriques, bénéficiaires du TURPE.
La part de la facture d’électricité correspondant à l’acheminement est identique quel que soit le fournisseur d’énergie.
Certaines entreprises paient le TURPE directement à leur gestionnaire de réseau, sans passer par le fournisseur. Ce sont les gros consommateurs d’électricité ayant conclu un contrat CARD (contrat d’acheminement sur le réseau de distribution) ou CART (contrat d’acheminement sur le réseau de transport).
Le TURPE est calculé à partir de plusieurs composantes tarifaires.
Pour les particuliers et entreprises disposant d’une puissance de compteur de 36 kVA maximum, trois composantes tarifaires sont prises en compte :
Pour les puissances supérieures à 36 kVA, le TURPE prend en compte d’autres composantes tarifaires, en fonction du profil de l’entreprise et des options :
Le TURPE est un des éléments de la facture d’électricité sur lequel les entreprises peuvent agir pour réduire leur budget énergétique.
Chaque client professionnel doit opter pour une version tarifaire du TURPE pour son contrat d’électricité (courte utilisation – CU, moyenne utilisation – MU ou longue utilisation – LU).
Ce choix influence le coût de l’acheminement de l’électricité et du prix du kWh, en fonction du profil de consommation. Par exemple, une entreprise consommant de l’électricité régulièrement, quel que soit le moment de la journée, de la semaine ou de l’année a tout intérêt à choisir la version longue utilisation du TURPE.
Réaliser un calcul d’optimisation sur la base de l’historique des consommations électriques aide à déterminer la formule tarifaire d’acheminement (FTA) la plus adaptée pour son entreprise.
Lors de la souscription de son contrat d’électricité, l’entreprise doit également choisir la puissance souscrite nécessaire pour couvrir ses besoins de consommation. Surestimer cette puissance augmente le coût de la facture.
Une étude basée sur la courbe historique des consommations permet de tester toutes les combinaisons de puissance possibles jusqu’à identifier la plus pertinente. Il est possible de modifier la puissance souscrite à n’importe quel moment de la vie du contrat. La demande doit être formulée auprès du fournisseur d’énergie qui la transmet à Enedis ou à l’ELD locale.
Cabinet de conseil en énergie, SirEnergies propose son expertise aux entreprises pour choisir la version tarifaire du TURPE et la puissance souscrite adaptées à leurs besoins, optimiser le montant de leurs factures d’électricité et réaliser des économies.
Le TURPE 6 est en vigueur depuis le 1er août 2021 et jusqu’au 1er août 2025. Après une augmentation moyenne de 6,51 % du TURPE HTA-BT et de 6,69 % du TURPE HTB en 2023, le TURPE devrait poursuivre sa hausse en 2024, avec un impact plus marginal sur la facture d’électricité. Une augmentation plus forte est attendue en 2025, avec l’entrée en vigueur du nouveau TURPE 7.
La CRE a engagé fin 2023 les consultations publiques pour fixer les tarifs du futur TURPE 7 , qui s’appliquera de 2025 à 2029. Les enjeux sont forts.
D’une part, les réseaux publics d’électricité vieillissent, nécessitant des investissements de mise à niveau et de sécurisation. D’autre part, la transition énergétique exige d’évoluer vers un système électrique plus flexible.
Les infrastructures doivent être en capacité d’accueillir la production croissante d’électricité renouvelable et de répondre aux nouveaux besoins (mobilité électrique, électrification de l’industrie et du chauffage…)
Dans sa première consultation portant sur la structure tarifaire du TURPE 7, la CRE soumet par exemple la possibilité de faire évoluer les heures creuses et pleines. Parmi les pistes étudiées, la saisonnalité des heures creuses. Elles pourraient être augmentées l’été pour encourager la consommation lorsque la production d’électricité renouvelable est au plus haut.
Elles pourraient aussi être supprimées sur certaines plages horaires en hiver pendant lesquelles l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité est menacé.
La CRE étudie également la possibilité d’introduire une nouvelle tarification soutirage / injection pour les batteries afin de mieux exploiter les capacités de stockage au bénéfice du réseau.
Le défi s’annonce difficile. Il s’agit de déterminer un tarif équilibré de TURPE qui permettra de répondre aux besoins d’investissement sur les réseaux publics d’électricité, tout en maintenant un prix de l’électricité accessible pour les consommateurs. Les experts ont l’année 2024 pour résoudre l’équation.
Le €/MWh est une unité de prix utilisée sur les marchés de gros, tandis que le kWh est l’unité visible sur vos factures.
Les exploitations sont soumises à des taxes comme la TICFE ou la TICGN. Sirenergies vérifie leur application, identifie les cas d’exonération et accompagne les démarches pour réduire la charge fiscale.
Un dépassement de puissance entraîne des pénalités financières et peut impacter le dimensionnement du contrat. Ajuster correctement la puissance souscrite permet d’éviter ces coûts supplémentaires.
Certaines entreprises peuvent obtenir une exonération partielle ou totale de la TICFE ou de la TICGN, en fonction de leur activité et de leur intensité énergétique. L’accompagnement d’un expert permet d’identifier les critères d’éligibilité et de monter le dossier.
Les exploitations agricoles doivent composer avec des besoins saisonniers élevés (chauffage de serres, irrigation, stockage) et une forte volatilité des prix. Maîtriser ces coûts est essentiel pour préserver la rentabilité et sécuriser l’activité.
Un appel d’offres permet de mettre en concurrence plusieurs fournisseurs d’électricité et de gaz afin d’obtenir des conditions contractuelles optimisées. C’est une démarche transparente qui permet de choisir l’offre la plus adaptée aux besoins budgétaires et techniques de l’organisation.
Le sourcing consiste à identifier et analyser les offres de plusieurs fournisseurs d’électricité et de gaz. Cette démarche permet d’obtenir des contrats adaptés au profil de consommation et aux contraintes budgétaires de l’entreprise.
Toutes les entreprises, des PME aux grandes organisations, peuvent bénéficier de ce service. Les collectivités locales y trouvent également un levier pour mieux maîtriser leurs budgets.