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Virginie

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Rédactrice Sirenergies

Experte de l'énergie depuis 15 ans
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Précarité énergétique : des politiques publiques précaires ?

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Précarité énergétique : des politiques publiques précaires ?

November 19, 2025

7

min de lecture

Précarité énergétique : des politiques publiques précaires ? 

En France, près de 12 millions de personnes vivent en situation de précarité énergétique. Logés dans des "passoires thermiques" mal isolées et énergivores, les ménages les plus modestes subissent de plein fouet la flambée des prix de l’énergie. 

Les conséquences sont lourdes en matière de santé, de vie sociale, de pouvoir d’achat et d’environnement. 

Chaque mois de novembre - le 18 novembre cette année -, la Journée nationale de lutte contre la précarité énergétique rappelle ces tristes constats pour « rendre visible cette injustice sociale, sanitaire et environnementale ». 

En 2025, où en est la précarité énergétique en France ? 

Les récentes annonces sur les aides publiques doivent-elles inquiéter ? 

La lutte contre la précarité énergétique ne deviendrait-elle pas elle-même précaire ? 

Décryptage. 

Précarité énergétique : un enjeu social et environnemental

Définie légalement en 2010, la précarité énergétique n’est pas un phénomène isolé. Touchant près d’un Français sur cinq, son impact est fort à l’échelle individuelle et collective. 

Qu’est-ce que la précarité énergétique ? 

La précarité énergétique est définie par la loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010. 

Au titre de la loi : 

« est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ». 

Concrètement, les pouvoirs publics estiment que les foyers sont en situation de précarité énergétique quand les dépenses d’énergie liées au logement sont supérieures à 8 % de leurs revenus (taux d’effort énergétique). 

Les  ménages les plus modestes sont les plus touchés, enfermés dans un cercle vicieux.

En raison de leurs faibles revenus, ils vivent souvent dans un logement mal isolé. La consommation d’énergie élevée aggrave les difficultés financières, les contraignant à restreindre le chauffage et à souffrir du froid. 

Une hausse de la précarité énergétique

Selon le dernier état des lieux de l’ONPE (décembre 2024), la situation s'aggrave :

  • 5,6 millions de ménages sont concernés en France.
  • 30 % des Français déclarent avoir souffert du froid (contre 14 % en 2020).
  • 75 % restreignent le chauffage pour faire des économies.

Souvent associée à l’hiver, la précarité énergétique prend aussi de l’ampleur en été. 

  • 42 % ont souffert de la chaleur excessive en été 2024 (bouilloires thermiques).

 

Pour 10,8 % des Français, les factures énergétiques du logement représentent plus de 8 % de leurs revenus

Pourquoi la précarité énergétique est-elle un enjeu pour la France ?

La précarité énergétique est d’abord un problème de santé publique

Chaque année, plus de 10 000 décès seraient dus à l’insalubrité énergétique de l’habitat. 

Le froid, l’humidité et les moisissures sont la cause de maladies chroniques :

  • la bronchite
  • l’asthme
  • les allergies
  • l’arthrose 
  • la dépression 

La suppression des "passoires thermiques" pourrait faire économiser 700 millions d’euros annuels au système de soin. 

L’impact est aussi économique et social.

« Se chauffer ou se nourrir, il faut parfois choisir... »

Cette phrase choc de la journée de lutte contre la précarité énergétique illustre le dilemme douloureux auquel se heurtent les ménages. 

En 2023, pour la première fois, plus d’un million de ménages ont subi des coupures ou des réductions de puissance pour impayés de leurs factures d’électricité et de gaz.  

Nombre d'interventions (en milliers) des fournisseurs d'énergie pour impayés d'énergie
Source : Observatoire national de la Précarité Énergétique

Précarité énergétique : un détricotage progressif des aides publiques ? 

« La politique énergétique garantit la cohésion sociale et territoriale en assurant un droit d’accès de tous les ménages à l’énergie sans coût excessif au regard de leurs ressources ». 

Consacré par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (TECV) en 2015, le droit à l’énergie a été réaffirmé par le Pacte des solidarités 2023-2027. 

Mais dans un contexte de tensions budgétaires et politiques, les aides destinées à lutter contre la précarité énergétique sont aujourd’hui fragilisées. 

Rénovation énergétique : un rabotage progressif des aides

La rénovation énergétique, une clé contre la précarité énergétique

Mal isolées, les "passoires thermiques" – classées E, F ou G au DPE - sont accusées d’être les principales responsables de la précarité énergétique. En hiver, ces logements consomment beaucoup d’énergie pour une performance énergétique faible, malgré des factures d’électricité et de gaz qui s’envolent. 

Or, la France compte encore 4,8 millions de résidences principales très énergivores. Face à ce constat, l’État a fait de la rénovation énergétique une priorité, avec sa principale aide : MaPrimeRénov’, destinée uniquement aux propriétaires. 

Nombre de dossiers MaPrimeRénov' financés
Source : Observatoire national de la Précarité Énergétique

Le soutien à la rénovation sous la menace ? 

Depuis 2025, cette aide traverse cependant une zone de turbulences, marquée par des premiers rabotages au début de l’année et une modification des règles en septembre (sortie du dispositif des opérations par geste « chaudière bois » et « isolation des murs »). 

Son avenir est aujourd’hui suspendu au projet de loi de finances 2026.

Si l’État annonce un resserrement sur les ménages les plus modestes et les logements les plus énergivores, la baisse de MaPrimeRénov’ devrait se poursuivre. 

Le plafond des aides pour les rénovations globales de grande ampleur devrait, par exemple, passer de 70 000 euros à 40 000 euros. 

De son côté, le ministre délégué chargé de la Transition énergétique souligne :
« il n'y a pas de baisse des crédits » mais « un basculement d'une partie du financement vers les CEE ». 

Autre incertitude : le devenir de l’interdiction de location des passoires énergétiques

Souvent évoqué – mais jamais soumis au vote -  l’assouplissement du calendrier ralentirait le rythme de la rénovation énergétique et aggraverait encore la précarité énergétique des locataires les plus modestes. 

Une première décision a déjà porté un coup à cette interdiction : la réforme de calcul du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) qui fera sortir 850 000 logements du statut de passoire énergétique au 1er janvier 2026. 

Le chèque énergie : une hausse budgétaire en trompe-l’oeil

Le chèque énergie : une aide essentielle, mais trop faible

Le chèque énergie est la principale aide de l’État pour payer les factures d’électricité et de gaz. 

Il peut aussi être utilisé pour acheter des combustibles (fioul, bois…), financer des travaux de rénovation énergétique ou payer les frais de chauffage dans les logements-foyers. En 2023, 5,6 millions de ménages en ont bénéficié. 

Le chèque énergie est envoyé automatiquement chaque année aux foyers éligibles, en fonction de leurs revenus. 

Nombre de chèques énergie émis et utilisés (en millions), hors chèques exceptionnels
Source : Observatoire national de la Précarité Énergétique

Ponctuelle, cette aide ne traite cependant pas la source du problème de la précarité énergétique. 

Face à la hausse des prix de l’électricité et du gaz, son montant de 150 euros – en stagnation depuis 2019 - reste trop faible pour soulager les ménages en difficulté. 

Un nombre de bénéficiaires réduit en 2026 ? 

Le projet de loi de finances 2026 annonce une hausse de 200 millions d’euros du budget consacré au chèque énergie. 

Des experts attirent néanmoins l’attention sur ce chiffre en trompe-l’oeil. 

L’augmentation s’expliquerait, non par une hausse des montants et des bénéficiaires, mais par le report de paiements en 2026, dû au décalage en novembre de l’envoi des chèques. 

Pour la Fédération nationale des collectivités dévolues aux services publics locaux en réseau (FNCCR) et le Conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL), le calcul est biaisé. 

À travers les lignes du projet gouvernemental, les deux associations entrevoient au contraire le risque de voir réduit de 30 % le nombre de bénéficiaires. 

Des aides complémentaires en demi-teinte

Le tableau est-il aussi gris pour les autres aides à la précarité énergétique ? 

Le FSL : une aide à géométrie variable

La réponse est contrastée pour le Fonds de Solidarité pour le Logement (FSL), une aide départementale accordée aux ménages en difficulté pour régler leurs factures d’énergie.

L’ONPE souligne les fortes disparités d’attribution et de montants entre les départements, libres de déterminer leurs propres règles. 

Ainsi, deux ménages à la composition familiale et situation financière identiques pourront recevoir – ou non – une subvention, dont le montant sera aussi variable en fonction de leur localisation géographique. 

Nombre de ménages bénéficiaires du FSL parmi les clients des trois principaux fournisseurs d'énergies (EDF, ENGIE, TotalEnergies)
Source : Observatoire national de la Précarité Énergétique

Les CEE : une enveloppe en hausse en 2026

En cette fin d’année 2025, la bonne nouvelle vient des Certificats d’Économie d’Énergie (CEE).  

Accessible aux locataires et aux propriétaires, cette aide extrabudgétaire supportée par les fournisseurs d’énergie aide à financer des travaux d’économies d’énergie.

Publié le 30 octobre, le décret portant sur la 6ème période annonce une hausse de l’enveloppe de 6 à 8 millions d’euros, ciblée sur des travaux « efficaces » et les rénovations d’ampleur. 

Le revers de la médaille pourrait être une répercussion, par les fournisseurs, du coût du dispositif sur les factures d’énergie. 

Le risque est néanmoins estimé  « marginal » par l’État. 

Pour conclure

La précarité énergétique révèle l’aggravation de la fracture sociale en France, frappant les ménages les plus modestes et les plus mal logés. 

Les politiques publiques, pourtant construites autour du droit à l’énergie et de la transition énergétique, semblent aujourd’hui vaciller sous la pression des contraintes budgétaires et politiques. 

Leur pérennité dépend désormais des arbitrages de la loi de finances 2026. 

Sans une politique ambitieuse et stable, le risque est grand de voir les objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050 se heurter à une réalité sociale de plus en plus inégalitaire. 

Le saviez-vous ?


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