
Virginie
LEFÈVRE
Rédactrice Sirenergies
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Communes à énergie positive : Un modèle pour la sobriété énergétique des villes ?
April 24, 2024
7
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Pour accélérer la transition de nos territoires vers une société décarbonée et durable, le Ministère de la Transition énergétique et écologique a lancé un appel à initiatives en 2014.
Les territoires lauréats, appelés Territoires à Énergie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV), sont nombreux. Cela est une chance, car le programme permet donc d’implémenter un panel varié de solutions innovantes à l’échelle locale.
Pour devenir lauréat, ces territoires répondent à des critères d’excellence en termes de politique énergétique et écologique. Voici l’essentiel à retenir et surtout à découvrir sur ces territoires, qui, à leur niveau, sont acteurs de la transformation de notre société.
Pour limiter le réchauffement climatique et renforcer la résilience énergétique de la France, une diminution de notre consommation d’énergie est essentielle.
Les territoires lauréats ont recours à différentes pratiques et mettent en place une stratégie pour diminuer de 40 % leur consommation. Plusieurs initiatives impactent de manière drastique la consommation d’un territoire :
Les territoires ont un rôle important à jouer dans le déploiement des énergies vertes car ils ont droit de vie ou de mort sur la majorité des projets EnR (énergies renouvelables) à l’échelle locale.
Les TEPCV mettent à profit de nombreux moyens de production décarbonés en fonction des caractéristiques de leur territoire.
Le plus connu reste l’énergie solaire, très flexible grâce aux différents types de centrales : centrales au sol, sur toiture et les ombrières photovoltaïques sur les parkings (≥ à 1 000 m²).
Vient ensuite l’énergie éolienne, maritime et terrestre, qui fait beaucoup débat au sein des collectivités car victime de préjugés (bruyante, tueuse d’oiseaux, nuisible pour la santé…).
D’autres moyens de production moins répandus sont également financés par le programme : réseaux de chaleur biomasse (chauffage), méthaniseurs agricoles et industriels (chauffage), cogénération (industrie), énergie géothermique (chauffage) et petite hydroélectricité (énergie hydraulique).
Pour atteindre les objectifs fixés par le gouvernement, les TEPCV se doivent d’établir une stratégie énergétique cohérente avec une vision de long terme. Cela passe par d’ambitieux projets pour se substituer aux énergies fossiles (gaz, pétrole) grâce à des énergies moins polluantes comme le biométhane, l’hydrogène et les fiouls de synthèse.
Les réseaux de distribution peuvent également être améliorés pour accueillir la production (électrique, gazière et e-carburants) des projets EnR existants et futurs, tout cela à une échelle locale. De plus, l’intégration de réseaux électriques intelligents permettrait d’optimiser la distribution et la consommation en temps réel sur le réseau local.
Les TEPCV reçoivent une aide financière de 500 000 € pour la réalisation de leurs projets. Cette aide peut être portée à 2 millions d’euros si les projets sont très pertinents et s’inscrivent dans une stratégie de long terme.
Forts de ce soutien financier, les TEPCV travaillent depuis 2014 à la transition énergétique de leur territoire. On peut donc en déduire qu’après 9 ans de développement, ils ont pu sortir leur épingle du lot dans le contexte de flambée des prix de l’énergie (diminution de la consommation et production d’énergies vertes peu chères).
Les habitants des TEPCV profitent des bienfaits résultant de l’ambition de leur territoire en matière de transition énergétique :
Les investissements des TEPCV bénéficient directement aux entreprises locales. Certains projets, comme la rénovation des bâtiments et l’installation de centrales EnR, permettent de créer des entreprises ou de développer l’activité de celles déjà existantes.
Il faut garder en tête que la transition énergétique valorise des déchets jusque-là perçus comme peu utiles. Par exemple, de nombreuses exploitations agricoles se sont lancées dans la production de biométhane. Un biométhaniseur utilise les déchets agricoles pour faire du gaz et des engrais non chimiques. Ce gaz peut ensuite être injecté dans le réseau des villes pour chauffer les habitations.
Dans ce cas précis, soit le TEPCV finance directement le projet, soit il agrandit le réseau de gaz à travers son territoire pour inciter les exploitants à produire aussi du biométhane.
Adopter des véhicules bas carbone doit être une priorité pour les TEPCV, surtout pour décarboner les transports en commun les plus polluants comme le bus. En effet, la majorité des Français (69 % en 2021) utilisent le bus pour se déplacer lorsqu’ils utilisent les transports en commun. Le défi est de taille pour les lauréats avec un fort bassin de population, car on parle de milliers de véhicules ainsi que des installations adjacentes (superchargeurs, bornes à hydrogène).
C’est au niveau des infrastructures que les territoires sont attendus au tournant. Sans initiatives des autorités locales, il est difficile pour les ménages de se projeter et d’investir dans des véhicules verts.
C’est différent pour les entreprises car elles possèdent plus de moyens de financement, mais un soutien des instances locales accélérera leur transition. D’autant que l’Union européenne interdira la vente de nouvelles voitures thermiques d’ici 2035. Il est impératif que les communes anticipent l’arrivée des voitures électriques et hydrogènes sur les routes, c’est une vraie valeur ajoutée pour les TEPCV.
Élément essentiel de la planification énergétique territoriale, les réseaux de chaleur représentent un enjeu important car la France consomme 50 % de son énergie dans la production de chaleur. Pour des villes durables, les territoires à énergie positive développent, modernisent et étendent les réseaux de chaleur en les orientant vers les énergies renouvelables et de récupération. Plusieurs processus existent pour optimiser ces réseaux :
Les réseaux de froid sont également amenés à se développer à l’initiative des territoires. Moins énergivores mais avec une demande croissante à cause de l’augmentation des températures estivales (et des îlots de chaleur urbains), les communes doivent augmenter la part d’EnR de leur mix énergétique pour décarboner leurs réseaux de froid.
Les territoires à énergie positive font face à de nombreux défis techniques qui nécessitent des compétences très variées allant de la stratégie d’achat d’énergies aux réseaux de chaleur/froid urbains. Pour cette raison, les territoires doivent pouvoir se former et être accompagnés par des experts pour les assister dans ces projets.
La législation, très lourde et très complexe, complique aussi considérablement la transition énergétique. Malgré la loi d’accélération des énergies renouvelables, tous les projets cités précédemment demandent des études poussées et se heurtent parfois à une forte opposition, rallongeant la durée de réalisation des projets.
Au-delà des problématiques techniques, ces projets représentent une belle opportunité de développer l’attractivité des territoires et de donner un rôle plus important aux autorités locales dans la transition énergétique.
Pour atteindre les objectifs fixés par l’UE et l’accord de Paris, les TEPCV ont besoin de financements massifs. Le financement du gouvernement est important mais a seulement vocation à être la rampe de lancement de la transition énergétique. Les entreprises et les particuliers doivent aussi participer à cet effort national.
Coordonner l’ensemble des acteurs et des projets de façon cohérente va s’avérer difficile pour les territoires et les organismes gouvernementaux. Il faut planifier les investissements sur des échelles de temps long, de 10 à 25 ans, et cela malgré les bouleversements politiques.
Heureusement, le changement climatique fait consensus au sein des différents clans politiques. Reste à trouver des solutions qui elles aussi font consensus à l’échelle locale, ce qui est loin d’être facile.
Les Territoires à Énergie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV) prennent un engagement fort et nécessaire à la transition énergétique de la France. En développant l’utilisation de technologies sobres, d’énergies renouvelables et de nouvelles méthodes de gestion des énergies, ils s’inscrivent comme des pionniers de la transition à l’échelle locale. Ces investissements permettent déjà de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et donnent aux communes engagées des perspectives de développement économique, social et environnemental.
À l’échelle d’un individu ou d’une entreprise, de nombreuses solutions existent pour réduire sa consommation énergétique et se rapprocher de la neutralité carbone : Low Techs, centrales solaires, électrification des usages… (et bien d’autres encore à retrouver sur notre site !).