

Virginie
LEFÈVRE
Rédactrice Sirenergies
Table des matières
November 12, 2025
7
min de lecture

Ce 10 novembre s’est ouverte à Belém, au cœur de l’Amazonie brésilienne, la 30ème édition de la conférence des parties sur le climat (COP 30).
Dix ans après l’Accord de Paris, que reste-t-il de l’espoir suscité par cette avancée historique ?
À l’heure où les États-Unis quittent la scène climatique, où l’Europe peine à s’accorder et où le climatoscepticisme progresse, l’humanité est à la croisée des chemins.
La COP 30 peut-elle redonner confiance dans la capacité collective à respecter les objectifs climatiques, ?
Peut-elle « changer la perception qu’on ne peut pas combattre le changement climatique » et « renforcer le multilatéralisme », comme l’espère son président André Corréa do Lago ?
Notre décryptage de la COP 30, entre tensions mondiales et avancées encourageantes.
La COP 30 s’ouvre dans un contexte peu favorable, marqué par des chiffres alarmants, des désengagements et une montée du climatoscepticisme.
Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C : cet objectif central de l’Accord de Paris semble aujourd’hui hors de portée.
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) est formelle : ce seuil a été franchi en 2024, année la plus chaude jamais enregistrée.
Côté émissions mondiales de gaz à effet de serre, le bilan est préoccupant.
En 2024, elles ont atteint 53,2 gigatonnes, en hausse de 1,3 % en un an.
Depuis 1990, l’augmentation est de 65 %, avec quatre grands émetteurs en tête :
Le 15 octobre, l’ONU a tiré la sonnette d’alarme sur la concentration mondiale record de CO2 dans l’atmosphère.

Autre statistique préoccupante : le ralentissement de la progression de l’action climatique des pays, observé par l’OCDE en 2024.

Depuis 2020, le climatoscepticisme progresse, alimenté par les réseaux sociaux et la posture décomplexée de certains dirigeants.
À la tête de ce mouvement, Donald Trump, dont l’une des premières décisions a validé le retrait américain de l’Accord de Paris en janvier 2026.
Depuis, le Président américain mène une offensive anti-climat, qualifiant devant l’ONU le changement climatique de :
plus grande arnaque jamais menée contre le monde,
l’empreinte carbone de « supercherie » et les énergies renouvelables de « blague ».
Priorisant les énergies fossiles sur les droits humains et environnementaux, les États-Unis remettent en cause les accords internationaux et commerciaux pour protéger leurs intérêts économiques.
Ce discours trouve un écho inquiétant à travers le monde.
En France, le baromètre 2024 de l’ADEME montre que 30 % des personnes interrogées considèrent le changement climatique « comme un phénomène naturel, comme il y en a toujours eu ».
Le continent européen se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde.
Pourtant, face à la montée des courants conservateurs et nationalistes, les enjeux économiques et industriels prennent le pas sur le climat.
À quelques jours de la COP 30, c’est non sans mal que les 27 pays ont voté un objectif climatique européen ambitieux, mais prudent : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 66,25 % à 72,5 % d’ici 2035 (par rapport à 1990).
Cette large fourchette, qui a permis l’unanimité, révèle les tensions persistantes sur la question climatique.
Une note positive subsiste : l’Union européenne a réaffirmé son engagement d’atteindre la neutralité carbone en 2050, avec une réduction de 90 % de ses émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2040.
Signé par tous les pays en 2015, l’Accord de Paris a nourri de grands espoirs.
Dix ans après, l’enthousiasme est-il retombé ?
Si de nombreux signaux clignotent au rouge, le bilan de la lutte contre le réchauffement climatique apparaît plus nuancé qu’il n’y paraît.
Si les émissions de gaz à effet de serre poursuivent leur hausse, leur progression ralentit, avec un rythme divisé par trois par rapport aux années 2010.
Les États-Unis et l’Europe semblent avoir passé leur pic d’émissions.
La Chine et l’Inde s’en approchent, avec des émissions de CO2 par habitant plus faibles que celles des pays anciens développés (respectivement 9 et 4 tonnes par habitant, contre 20 aux États-Unis et 11 en Europe).
En 2023, les énergies renouvelables représentaient près d’un tiers de la production d’électricité mondiale.
Selon le rapport 2025 de l’agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), la capacité renouvelable mondiale a bondi de 15,1 % en 2024, une hausse record.
Elle atteint 4 443 GW, portée par le solaire (1 866 GW), l’hydroélectricité (1 277 GW) et l’énergie éolienne (1 133 GW).

« Les dirigeants du monde entier se sont unis pour montrer que même en cette période de division et d'incertitude, la volonté et la détermination de lutter contre la crise climatique sont bien vivantes et fortes. »
Cette conclusion du Sommet sur le climat de septembre 2025, prononcée par la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Amina Mohammed, illustre la résistance de l’élan multilatéral, malgré la salve du président américain.
En Europe, l’optimisme prévaut également.
Si l’Union européenne peine à tracer sa voie climatique, le continent continue de se positionner comme moteur de la transition énergétique.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’affirme :
À la COP30, nous soulignerons notre ferme attachement à l’Accord de Paris. La transition mondiale vers une économie propre est en cours et irréversible. Notre priorité est de veiller à ce que cette transition soit juste, inclusive et équitable.
Les efforts européens portent leurs fruits : depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre européennes ont diminué de 37 %.
La Chine se positionne aussi comme un acteur-clé des énergies renouvelables. En 2024, 71 % des nouvelles capacités renouvelables ont été installées en Asie, majoritairement en Chine.
Si l’inertie du stock de CO2 et la lenteur de l’action climatique compromettent l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, respecter le second objectif est encore possible : maintenir la hausse de la température « nettement au-dessous de 2°C » d’ici 2100.
D’après Global Carbon Project, le monde pourrait encore émettre 1 110 Gt de CO2 pour espérer limiter le réchauffement au-dessous de 2°C.
Cela représente un budget carbone résiduel de 27 ans au rythme actuel.
La condition pour réussir ?
Accélérer drastiquement la réduction des émissions de CO2 dès le pic mondial atteint.
Pays hôte de la COP 30, le Brésil a lancé un appel à une « COP de la vérité ».
Dans son communiqué, l’ONU exhorte les nations à ouvrir « une décennie d’accélération ».
Mais face au bilan contrasté de l’Accord de Paris, que peut réellement attendre le monde de cette conférence ?
En amont de la COP 30, tous les pays ont été invités à présenter des objectifs climatiques renforcés, via la mise à jour de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN).
Pour la première fois, la Chine a dévoilé ses chiffres :
Le Secrétaire général des Nations Unis, António Guterres, résume l’ambition mondial :
Aboutir à un plan d’action mondial crédible pour nous mettre sur la bonne voie.
L’Accord de Paris prévoit un financement minimum de 100 milliards de dollars par an de la part des pays développés, destiné aux nations les plus vulnérables au changement climatique. La COP 29 de Bakou a triplé cet objectif, le portant à 300 milliards, via le Baku to Belém Roadmap.
Au total, ce sont pas moins de 1 300 milliards de dollars par an qui devraient être mobilisés d’ici 2035 !
Nul doute que l’enjeu financier sera une nouvelle fois au cœur des débats. Car le compte est loin d’être bon.
Selon l’OCDE, l’objectif des 100 milliards a été dépassé pour la première fois en 2022, avec 115,9 milliards de dollars mobilisés.
Les statistiques 2023 et 2024 ne seront connues qu’en 2026, et le flou règne sur la répartition du financement et les instruments financiers utilisés.

Les experts s’accordent à dire que la COP 30 ne devrait pas annoncer d’engagements politiques ou financiers spectaculaires.
L’annonce explicite de la sortie des énergies fossiles devrait encore attendre.
L’accent sera mis sur les solutions concrètes et leur mise en œuvre, avec des conférences sur l’adaptation climatique, la décarbonation industrielle, le méthane, les systèmes d’alerte, etc.
Symbole de cette approche pragmatique : le lancement attendu du Tropical Forest Forever Facility (TFFF), un fonds de 125 milliards de dollars destiné à protéger les forêts tropicales et à mettre fin à la déforestation dès 2030.
Pour conclure...
Dix ans après l’Accord de Paris, le président de la COP 30, André Corréa do Lago, "espère" et "croit" en une nouvelle bascule. C
ette trentième conférence parviendra-t-elle à "renforcer le multilatéralisme et la coopération pour réduire les émissions" ?
L’Amazonie, poumon vert de la planète, deviendra-t-elle le symbole d’un engagement renouvelé pour le climat, la biodiversité et l’avenir de l’homme ?
La COP 30 saura-t-elle rallumer la flamme climatique, comme l’avait fait l’Accord de Paris ?
Malgré les défis et les tensions internationales, l’espoir est tangible, porté par des avancées prometteuses, la volonté individuelle et collective et la mise en œuvre de solutions concrètes.



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