L'histoire du gaz naturel en France

il y a 2 ans   •   8 minutes de lecture

Table des matières

Grâce à sa riche composition en alcane, dont principalement le méthane, le gaz naturel fait partie des sources d’énergie primaires les plus utilisées au monde. Il intervient dans la production d’électricité, dans la chaufferie, dans la carburation de véhicules ou encore dans l'industrie chimique et pétrochimique.

En France, le gaz naturel représente la troisième source d'énergie primaire derrière le nucléaire et le pétrole avec 15,2 % de la consommation primaire de la France. On parle d'une consommation importante de 502 TWh en pouvoir calorifique supérieur. SirEnergies évoque l'histoire de cette filière incontournable du secteur énergétique français.

La découverte du gisement naturel de Saint-Marcet en 1939

Même si elle est peu connue, cette étape participe significativement au déclin de l'utilisation du gaz de ville vers le milieu des années 1900.

Le règne du gaz de ville

Depuis le début des années 1800, c'est le gaz issu de la distillation en vase clos de la houille qui est utilisé pour l'éclairage de certaines maisons et certains lieux professionnels dans les villes de Lyon, Strasbourg, Lille et Paris. Les becs de gaz installés dans les rues en profitent également.

En 1888, ce sont plus de 12 millions d'habitants à travers 550 villes françaises qui utilisent le gaz d'éclairage. Malgré cet essor considérable, les acteurs du secteur gazier reconnaissent l'importance de la prospection géologique pour la découverte du gaz naturel qui dispose d'un pouvoir énergétique 2 fois supérieur à celui du gaz produit en usine.

Une découverte de gaz inespérée

Le 14 juillet 1939, le gisement de gaz naturel de Saint-Marcet est découvert à la suite d'une mission d'exploration géologique commanditée par l’Office National des Combustibles liquides.

Initialement, l'objectif de ce sondage était la découverte du pétrole, car, en 1921, le géologue Léon Bertrand avait entrevu le potentiel intéressant du sous-sol du Comminges. Ce dernier devait posséder un volume significatif d'hydrocarbures, principalement le pétrole qui était la ressource fossile suscitant le plus d'intérêt à cette époque. Ce sera la Régie Autonome des Pétroles spécialement créée à cet effet, qui se chargera de l'exploitation de la nouvelle réserve ainsi découverte.

Ce n'est véritablement qu'en 1949 avec la mise en service de l'usine de dégazolinage de Boussens que l'exploitation en bonne et due forme du gisement de Saint-Marcet commence. Des gazoducs pour alimenter Pau et Toulouse sont également construits. Cela permet quelque peu de répondre aux besoins énergétiques du Sud-Ouest durant cette période d'occupation. Jusqu'à son épuisement en 2009, ce gisement a permis la production de 7 milliards de m³ de gaz fossile.

La découverte du gisement de gaz naturel de Saint-Marcet encourage les autorités compétentes à renforcer leur stratégie d'exploration géologique afin d'assurer l'indépendance énergétique de la France.

Entre-temps, on note la création de la Société Nationale des Pétroles d’Aquitaine (SNPA) en 1941. Elle découvrira en 1951 le gisement de Lacq à Béarn, la plus importante réserve découverte jusqu'à ce jour sur le territoire français. Cette suite de découvertes marque progressivement la fin du règne du gaz manufacturé produit dans les usines.

découverte gaz gisement

La découverte du gaz de Lacq, un tournant décisif

En 1948, les études géologiques menées par la SNPA autour de Lacq permettent de détecter la présence de l'anticlinal caché sous plusieurs couches de roches. En 1949, les autorités procèdent à un forage qui donne accès au Lacq supérieur (une nappe de pétrole située à 650 mètres de profondeur).

Ici également, les experts qui sont plus à la recherche de pétrole espèrent en trouver en creusant davantage, car souvent deux gisements de pétrole se logent dans des strates successives du même anticlinal. Le forage reprend donc en 1951 après épuisement du premier gisement de pétrole.

Le 19 décembre 1951, après avoir atteint une profondeur de 3550 mètres, c'est du gaz naturel qui jaillit contre toute attente. Après avoir sécurisé le site par rapport à la menace liée à la diffusion de l’hydrogène sulfuré, le SNPA fait appel aux experts américains pour l'exploitation du nouveau gisement de gaz naturel.

Cette démarche s'avère infructueuse et il faut attendre 1956 pour qu'une solution soit trouvée grâce à la Société des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de Pompey. Cette dernière met au point un acier au chrome résistant à la corrosion pour favoriser la mise en place des installations techniques d'exploitation.

C'est ainsi qu'en 1957, la France inaugure ce qui allait être à l'époque la plus grande usine de gaz d'Europe. Il s'agit de 243 milliards de m³ de gaz fossile qui seront extraits de ce gisement. Cette découverte du gaz de Lacq fait souffler un vent nouveau sur l'industrie gazière française. Le gisement de Lacq arrête sa production gazière en 2013.

La restructuration du réseau de gaz naturel

Pour optimiser la distribution et la consommation du gaz naturel sur l'étendue du territoire, l'infrastructure nationale de transport est repensée. Il n'existait pas alors en France de réseau de gaz naturel proprement dit. Les seuls réseaux de distribution étaient ceux du gaz combustible manufacturé.

À partir de 1958, les travaux de construction des premières infrastructures de transport (gazoducs et canalisations) du gaz fossile débutent. Elles seront pleinement fonctionnelles à partir de l'année suivante. On distingue alors deux réseaux de gaz : un réseau de distribution pour le Sud-Ouest et un réseau s'étendant aux autres régions du pays.

Le réseau gazier du Sud-Ouest

Le premier réseau est placé sous la responsabilité de la Société nationale de Gaz du Sud-Ouest (SNGSO). Il vient développer et moderniser celui qui servait déjà à la distribution du gaz de Saint-Marcet. Des villes comme Pau, Bayonne, Bordeaux ou Toulouse sont ainsi desservies. En 1961, ce réseau totalise 2072 km de canalisations.

Le réseau gazier d'envergure nationale

Le second réseau est quant à lui placé sous la responsabilité de la CeFem (Compagnie Française du Méthane). Il permettra de desservir les régions lyonnaises, nantaises et parisiennes ainsi que d'autres villes en gaz naturel. En 1962, le réseau de distribution de la CeFem s'étend sur près de 3000 km. Le secteur gazier connait un développement rapide caractérisé par la volonté manifeste des autorités compétentes de faire du gaz naturel une des principales sources d'énergie du pays.

développement réseau gaz naturel

Le recours aux importations pour soutenir l'offre locale

Afin de pérenniser l'exploitation de Lacq, la France veut profiter des découvertes de gisements de gaz fossile qui ont eu lieu en Europe entre 1950 et 1960. En 1959, les Pays-Bas découvrent le gisement de Groningue qui fait dix fois la taille de celui de Lacq.

En 1960, c'est la Norvège qui découvre de vastes gisements pétroliers au niveau de la mer du Nord. L'Italie aussi renforce sa production de gaz naturel grâce à la découverte des gisements de Conegliano, Corregio, Ravenne, Imola et Bordolano dans la plaine du Pô.

L'État français développe alors des contrats à long terme pour importer la ressource de ces pays grâce à sa compagnie nationale publique dédiée, Gaz de France.

En 1976, l'URSS vient s'ajouter à la liste des pays exportateurs qui fournissent la France en gaz fossile. La majorité de cette ressource est transportée sous forme de gaz liquéfié. Pour profiter du gisement de Hassi R'Mel découvert en Algérie en 1956, des bateaux méthaniers sont ainsi sollicités pour transporter le composé sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) entre 1965 et 1982.

Actuellement, les gros fournisseurs de la France sont la Norvège (36 %), la Russie (17 %), l'Algérie, les Pays-Bas (8 % chacun), le Nigeria (7 %) et le Qatar (2 %).

La libéralisation du marché gazier

Dans le but d'accroître l'interopérabilité des réseaux de gaz dans l'Union européenne, des directives sont introduites à partir des années 2000 pour spécifier les responsabilités en ce qui concerne la production, le stockage, la distribution et le transport du gaz fossile au niveau national. Le but est de sécuriser l'approvisionnement des clients en promouvant une saine concurrence des acteurs concernés du secteur.

En général, les activités de transport et de distribution sont étroitement régulées par l'autorité publique afin de garantir un accès équitable des fournisseurs au réseau de gaz naturel.

Quant à la production et la fourniture, la concurrence industrielle est préconisée pour offrir le meilleur service au consommateur au prix le plus accessible possible. Cela favorise d'ailleurs le raccordement des zones éloignées du réseau public en raison de l'apparition de nouveaux fournisseurs qui démocratisent l'accès à la ressource partout en France grâce notamment au gaz naturel liquéfié facilement transportable.

entreprise France gaz naturel

Gaz de France (GDF), un acteur incontournable de la filière nationale

Sur proposition du ministre de la Production industrielle Marcel Paul, la loi de nationalisation de la production, du transport, de la distribution et de la fourniture de gaz et de l'électricité est votée par l'Assemblée nationale le 8 avril 1946. Il en découle la création de l'entreprise Gaz de France. Cette dernière gère dans un premier temps la production et la distribution du gaz de ville jusqu'à la découverte du gisement du Lacq en 1951.

De Gaz de France (GDF) à Engie

Entre 1958 et 1960, elle s'occupe du développement de réseau de gaz naturel en France pour permettre aux ménages, industries et acteurs du secteur tertiaire de bénéficier des avantages de cette énergie fossile.

À partir de 2003, Gaz de France doit désormais se concentrer principalement sur la gestion de la distribution de la ressource énergétique conformément aux directives européennes. Devenue Société Anonyme majoritairement détenue par l'État en 2004, Gaz de France fusionne avec le groupe Suez en 2008 pour donner naissance à GDF Suez, une société majoritairement privatisée.

Elle peut désormais offrir des contrats de fourniture de gaz naturel et d'électricité verte à sa clientèle. Le dernier changement de nom de la société a eu lieu en 2015. Elle s'appelle Engie depuis lors.

Les nouveaux acteurs principaux du secteur gazier français

Suite à la disparition de Gaz de France, le réseau de transport du Sud-Ouest (5100 km du réseau) est géré par Téréga, opérateur créé en janvier 2005 sous le nom de TIGF. Le reste du réseau de transport (32 000 km) est sous la responsabilité de GRTgaz également créée en 2005.

La distribution du gaz est quant à elle principalement contrôlée par Gaz Réseau Distribution France (GrDF) créée en 2008. Certaines entreprises de distribution locale (ELD) interviennent également.

En concurrence avec le fournisseur historique Engie, d'autres acteurs du secteur comme Eni, TotalEnergies, Butagaz, Dyneff, Gaz de Bordeaux, EkWateur ou encore Mega Énergie proposent aussi une diversité d'offres pour satisfaire les besoins des particuliers et des professionnels.

En cas de besoin, SirEnergies vous propose des conseils fondés sur sa maîtrise parfaite du marché du gaz fossile français pour vous aider à trouver une offre sur mesure et économique selon vos besoins et vos contraintes budgétaires.

Nous publions chaque semaine un article dédié à un fournisseur d’énergie (gaz ou électricité), n’hésitez pas à les consulter sur le thème “Fournisseur” de notre site internet.

Pour aller plus loin, n'hésitez pas à découvrir notre article pour tout comprendre de l'histoire de l'électricité en France.

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