Des méduses échouées paralysant la production de la centrale nucléaire de Gravelines : derrière cette image insolite de l’été 2025 se cache une alerte bien réelle.
Si les quatre réacteurs ont aujourd’hui redémarré, cet événement rare démontre la vulnérabilité de nos infrastructures énergétiques face aux effets du changement climatique.
Inondations sans précédent dans les Hauts-de-France en 2023, incendies records en 2025, vagues de canicule exceptionnelles : depuis plusieurs années, la France ressent douloureusement les conséquences humaines, naturelles et matérielles du réchauffement.
Comment ces phénomènes naturels, de plus en fréquents et intenses, bouleversent-ils les infrastructures et réseaux d’électricité ?
Face aux menaces qui pèsent sur la sécurité énergétique de la France, est-il encore possible d’agir ?
Entre vulnérabilité et résilience, Sirenergies dresse le portrait d’un système énergétique sous tension.
Comment le changement climatique perturbe les systèmes énergétiques ?
Depuis plusieurs années, la France subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Le réchauffement met en exergue les fragilités de son système énergétique, notamment du nucléaire et de l’hydroélectricité, deux piliers de sa stratégie de production d’électricité.
Le réchauffement des eaux : une menace invisible
Depuis 1993, la température des océans a grimpé de 0,6°C et celle de la mer Méditerranée de 1°C. Si ce réchauffement des eaux perturbe la biodiversité marine, certains organismes en profitent. C’est le cas des méduses dont le nombre explose. L’élévation des températures, associées à la pollution et à la surpêche, éliminent leurs prédateurs naturels et favorisent le développement du plancton, leur principale source de nourriture.
C’est ce déséquilibre écologique qui a causé l’incident majeur de cet été 2025 à la centrale nucléaire de Gravelines. Poussées par des courants imprévisibles, des masses de méduses ont obstrué les tambours filtrants des stations de pompage d’eau de mer, obligeant à l’arrêt immédiat des quatre réacteurs. Ce phénomène rare a déjà été observé dans le passé – mais à moindre échelle, à Gravelines, mais aussi en Écosse, en Suède ou au Japon.
Si ce phénomène n’est pas inédit, son intensité met en lumière la vulnérabilité climatique des infrastructures énergétiques. Cet incident souligne aussi l’urgence d’adapter les systèmes, face à des incidents qui pourraient s’aggraver.
La sécheresse et les vagues de chaleur : une double menace
La canicule et la sécheresse qui l’accompagne menacent aussi l’équilibre du système énergétique français.
Deux phénomènes se combinent. D’un côté, la hausse des températures affecte directement la production d’électricité. Le réchauffement des rivières et la baisse des niveaux d’eau contraignent à ralentir, voire à arrêter, les centrales nucléaires et hydroélectriques pour respecter les normes environnementales et protéger les écosystèmes.
De l’autre côté, le recours massif à la climatisation fait exploser la demande d’électricité. Ces pics de consommation exacerbent les tensions sur l’offre et peuvent provoquer une hausse des prix de marché.
Ce phénomène pourrait s’intensifier avec la fréquence et la sévérité des canicules, rendant l’équilibre entre production et consommation difficile à maintenir.
Tempêtes, inondations et vents violents : des effets dévastateurs
Avec le changement climatique, pluies torrentielles, inondations « éclairs », vents violents et incendies dévastateurs gagnent en fréquence et en intensité.
En 2025, le nombre d’hectares brûlés en France dépasse déjà tous les records, avec un chiffre 3,5 fois plus élevé que la moyenne des années précédentes.
Ces catastrophes naturelles imprévisibles ravagent tout sur leur passage, y compris les infrastructures de transport et de distribution d’énergie.
En 2021, des incendies violents ont privé 100 000 consommateurs d’électricité, en raison de la mise hors tension de la ligne électrique reliant Perpignan à Narbonne.
Des dizaines de milliers de foyers ont également été plongés dans le noir lors des inondations exceptionnelles de 2023 dans les Hauts-de-France. En bord de mer, les réacteurs nucléaires sont aussi exposés à un risque accru de submersion marine, aggravé par la montée des eaux.
Quand les imprévus révèlent les failles du système énergétique
Les récents événements climatiques mettent en lumière les fragilités préoccupantes du système énergétique français. Entre baisse de la production, dépendance aux importations et tensions géopolitiques, la situation soulève des interrogations légitimes sur la résilience du système et la sécurité énergétique nationale.
Le système énergétique français à l’épreuve du climat
Le changement climatique impose aux infrastructures électriques des défis sans précédent. Des infrastructures de production aux réseaux de distribution, chaque maillon de la chaîne énergétique est de plus en plus exposé aux aléas climatiques.
Les réseaux souffrent particulièrement de la chaleur, des tempêtes et des incendies. Chutes d’arbres sur les lignes, échauffement des câbles électriques, ruptures de lignes, surchauffe des combinés de mesure de l’intensité et de la tension ou submersion de postes de transformation constituent autant de menaces pour l’approvisionnement en électricité des Français.
Une dépendance croissante, menace à la souveraineté énergétique
La baisse de la production d’électricité, causée par des événements climatiques, contraint la France à se tourner vers l’extérieur. Ce recours aux importations soulève des questions sur la souveraineté énergétique nationale. Elle accroît aussi la dépendance de l’Hexagone à des énergies fossiles et polluantes, produites par des pays au régime instable, autoritaire ou à risque géopolitique.
L’exemple du pétrole et du gaz est flagrant. Ces dernières années, les tensions au Moyen-Orient, les sanctions économiques ou les crises internes de certains États ont eu des répercussions directes sur les prix et la disponibilité des ressources énergétiques. Les aléas climatiques aussi. En 2005, l’ouragan Katrina avait brutalement interrompu l’extraction du pétrole en mer.
Cette dépendance rend la France plus vulnérable, dans un contexte où les ressources énergétiques sont parfois utilisées comme des leviers de pouvoir.
Comment renforcer la résilience énergétique pour préparer l’avenir ?
Malgré les secousses climatiques, la France n’est pas encore menacée par le black out. Le pays dispose d’une bonne capacité de résilience pour adapter son système énergétique au changement climatique. Mais il faut agir maintenant.
Adapter et moderniser les infrastructures énergétiques
Face à l’intensification des aléas climatiques, les gestionnaires de réseaux Enedis et RTE accélèrent leurs efforts d’adaptation et de modernisation.
De 2001 à 2016, RTE a mené un vaste programme de sécurisation pour protéger 50 % de son réseau contre les risques d’inondation. Dans la même optique, le schéma décennal de développement du réseau (SDDR) publié en 2025 prévoit un investissement de 20 milliards d’euros d’ici 2040 pour adapter 80 % du réseau au changement climatique. Côté distribution, Enedis déploie depuis 2006 son plan aléas climatiques. Plus de 24 milliards d’euros d’investissements sont programmés d’ici 2040 pour remplacer les réseaux les plus sensibles, en priorité les câbles souterrains en papier imprégné (CPI).
Les autres secteurs intègrent aussi le risque climatique. Dans le secteur nucléaire, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) prend en compte l’impact du changement climatique sur les réacteurs dans son cinquième réexamen périodique. Pour l’hydroélectricité, des expérimentations sont en cours sur les bassins Adour-Garonne et Loire-Bretagne pour adapter les ouvrages à des débits en baisse.
Diversifier les sources d’énergie
La diversification des sources d’énergie est un impératif pour limiter les risques de pénurie d’électricité et stabiliser le système en cas de crise. Les énergies renouvelables sont la clé pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et renforcer la résilience climatique.
Même s’il perd 0,5 % de rendement au-delà de 25°C, le photovoltaïque reste une solution énergétique robuste en période de canicule ou face à la sécheresse, aux inondations et aux vents violents.
Puisant son énergie dans le sous-sol, la géothermie est également moins exposée aux effets du climat. La biomasse représente aussi une option énergétique plus stable.
Développer l’autoconsommation et le stockage de l’énergie
L’autoconsommation photovoltaïque est un autre levier pour renforcer la résilience énergétique. En limitant la dépendance au réseau électrique et gazier, elle garantit l’accès à une électricité locale, même en cas de fortes chaleurs ou de pannes du réseau. En régulant la demande, elle participe aussi à réduire les tensions sur le réseau.
Parallèlement, le développement des technologies de stockage de l’énergie, comme les batteries ou le Power-to-Gas, est capital. Le stockage aide à compenser les baisses temporaires de production liées aux événements climatiques extrêmes, en injectant dans le réseau l’énergie conservée en amont. Il limite ainsi les risques de coupure et garantit un approvisionnement stable pendant les crises.
Sirenergies vous accompagne dans vos projets de transition énergétique : autoconsommation solaire, contrats d’énergie verte…).
Pour concrétiser vos objectifs tout en optimisant vos coûts énergétiques :
Anticiper l’imprévisible : intégrer le climat dans la stratégie énergétique de son entreprise
Pour les entreprises, anticiper le changement climatique est devenu stratégique, quelle que soit leur taille et leurs activités.
C’est une question de survie à long terme.
Selon sa localisation et ses caractéristiques, chaque entreprise est fortement incitée à évaluer ses risques climatiques. Cet audit permet d’anticiper et de planifier des solutions adaptées et accessibles, sans le stress lié à la crise.
Autoconsommation photovoltaïque, énergies renouvelables, systèmes de sécurité renforcés permettent de rendre l’entreprise plus résiliente.
Avec le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) publié en mars 2025, cette étude de vulnérabilité devient une obligation pour les entreprises de transport et d’énergie, avant d’être élargie ultérieurement aux secteurs les plus vulnérables.
L’objectif ? Cartographier précisément les risques afin de mieux planifier les mesures d’adaptation et renforcer la résilience des infrastructures.
Entreprises, collectivités, artisans : vous avez les moyens d’agir à votre échelle pour adapter votre activité au changement climatique et protéger sa pérennité à long terme.
Cabinet de conseil et de sourcing en énergies, Sirenergies bâtit avec vous une stratégie énergétique sur-mesure, intégrant les aléas climatiques.
Pour conclure…
Des méduses qui bloquent une centrale nucléaire, des incendies qui coupent les lignes électriques, des rivières à sec qui stoppent la production hydraulique : ces événements ne relèvent plus de la fiction ou de l’exception. Ce sont les symptômes visibles d’un système énergétique mis sous pression par le changement climatique.
Mais si la menace est réelle, la France a encore les capacités d’agir pour anticiper et s’adapter. Les chantiers sont d’ores et déjà engagés. L’heure est aujourd’hui à l’accélération afin de protéger la sécurité énergétique de la France. La course contre le changement climatique a commencé. Chaque action compte. La France en a les moyens. Les entreprises aussi.
