

Virginie
LEFÈVRE
Rédactrice Sirenergies
Table des matières
March 6, 2024
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Les prix de l'électricité sont en hausse partout en Europe. Les niveaux atteints sont historiquement hauts et la France n'est pas épargnée. On peut alors légitimement s'interroger sur l'évolution de ces prix à long terme.
Il s'agit d'une question complexe, tant les facteurs sont nombreux et difficiles à prévoir. Tout d'abord, on peut citer à ce titre les prix du gaz, du CO2 ou encore la température ou la demande. Actuellement, les débats font également rage en ce qui concerne les aspects réglementaires.
Il faut donc analyser un grand nombre de paramètres afin d'en tirer des perspectives. C'est ce que nous allons tenter de faire dans cet article.
Ensuite, il s'agit d'un sujet d'actualité, si l'on en croit les récentes annonces du gouvernement. En effet, Jean Castex, le Premier ministre français, a annoncé une hausse de 4 % des tarifs réglementés de vente d'électricité (TRV). La situation est la même ailleurs en Europe, comme en Italie ou en Irlande.
Pour commencer, il faut rappeler l'interconnexion des systèmes électriques européens. L'Europe est telle une plaque de cuivre géante, permettant le transport des électrons à travers l'Europe entière.
Même si, en France, on dispose de nombreuses centrales nucléaires avec un coût de production faible, nous subissons les variations des prix des marchés de gros de l'électricité. C'est un marché interconnecté. Par exemple, sur les marchés de long terme, certains indices français sont construits en incluant les prévisions de prix allemands. Les marchés de court terme (Intraday et Day Ahead) fluctuent en fonction de ce qu'il se passe ailleurs en Europe.
Au-delà de cette interconnexion des marchés, il existe des facteurs structurels qui nous poussent à croire en une hausse durable des prix de l'électricité. Le Merit Order fonctionne de telle manière que le prix de marché reflète le coût de production de la dernière centrale appelée.
Ainsi, les coûts de chacun des producteurs sont couverts. Cependant, il existe encore de nombreuses centrales de pointe en fonctionnement en Europe. Il s'agit de centrales à charbon ou à gaz, permettant d'équilibrer le réseau.
Les gestionnaires de réseau s'appuient encore sur ces centrales souvent coûteuses. Les fermetures programmées continuent d'être repoussées (par exemple la centrale de Cordemais en France). Cela contribue à maintenir les prix de l'électricité à des niveaux élevés en cas de non-disponibilité nucléaire ou renouvelable.
Les projections de croissance du FMI continuent de grimper et tablent sur une reprise de 6 % pour 2021 et 4,4 % pour 2022. La reprise post-crise sanitaire est importante. Et, par ailleurs, le niveau de demande influe sur le prix.
Plus la demande est forte et plus les prix du gaz, du charbon et donc de l'électricité augmentent. Il est vrai que la crise sanitaire peut évoluer de manière imprévisible. Cependant, tant que la situation reste stable et maîtrisée, il est certain que les prix répondront à la hausse.
L'utilisation de mécanismes économiques tels que l'ARENH peut permettre de réduire l'effet des hausses de prix de l'électricité.
On peut imaginer que, si l'on augmente le plafond total (qui est actuellement de 100 TWh à 42 €/MWh), cela peut réduire le coût d'approvisionnement des fournisseurs.
Si les pays décident de jouer la carte de la souveraineté face à l'Europe de l'énergie, ils peuvent influer sur les prix de l'énergie. Il est certain qu'à l'approche des différentes élections, certains candidats feront des propositions en ce sens.
Cela paraît tout de même difficile à envisager, car la France est pleinement engagée dans l'Union européenne.
Comme nous l'avons expliqué, ce qui fait les prix de l'électricité, c'est, à la base, les coûts de production de l'électricité. On peut imaginer que la progression des énergies renouvelables dans le mix énergétique pourra permettre de réduire, sur le long terme, les coûts de production moyens de l'électricité.
Cependant, il s'agit ici d'une vision quelque peu tronquée de la réalité. En effet, les questions de l'intermittence et du stockage restent entières. On l'a vu récemment dans les projections réalisées par RTE, même avec une intégration importante des ENR, si les technologies de batterie n'évoluent pas plus vite, le problème reste entier.
Depuis la reprise post-Covid, la demande de gaz a fortement augmenté, notamment à cause de la demande des pays asiatiques. Il s'agit de l'un des facteurs de la récente hausse des prix du gaz et donc, in fine, de l'électricité.
Face à cela, l'offre de gaz venant de la Russie était insuffisante et bien en dessous des exportations habituelles. Cette situation a créé de nombreuses tensions sur les marchés de l'énergie en Europe.

Il est difficile de dire si ces réductions d'exportations sont volontaires de la part de la Russie, cependant cela met en tension tous les marchés européens.
On peut donc espérer que, si d'une part la demande se réduit et d'autre part l'offre augmente, alors les prix retrouvent leurs niveaux habituels. La croissance (et donc la demande asiatique) attendue sur 2022 est en effet moins importante que 2021. Les analystes s'accordent à dire que la demande et donc les prix devraient en être impactés. Reste à savoir si d'autres facteurs plus importants (prix du CO2, disponibilité nucléaire…) ne viendront pas rafler la mise.
Il faut rappeler que ces conditions sont tout à fait conjoncturelles, et qu'il est probable qu'il faille une combinaison de plusieurs d'entre elles pour faire effet.
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lire notre article : “Gazoduc Nord Stream 2 : origines et impacts sur le marché français”
L'Union européenne a récemment lancé un nouveau projet climat européen. Il s'agit d'un ensemble de mesures visant à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Il est question, sur un certain nombre d'entre elles, du marché du carbone (le CO2).
L'UE compte utiliser cet outil afin d'augmenter le prix du CO2 en réduisant, notamment, progressivement les quotas. Ce genre de nouvelles réglementaires ajoute une complexité dans les prévisions de prix de long terme de l'électricité.
Il est probable que cette volonté de réduire nos émissions fasse monter les prix de l'électricité sur les marchés de gros. C'est un élément à prendre en compte pour des considérations de long terme.
Une évolution technologique de rupture pourrait permettre un développement tout autre du mix énergétique. Par exemple, il est possible de voir évoluer le secteur des batteries.
En effet, c'est l'élément principal du développement des technologies renouvelables. S'il est possible de gérer l'intermittence des ENR grâce à des batteries, il sera tout à fait possible d'envisager des mix énergétiques avec une part écrasante d'ENR.
Cela pourrait permettre de se séparer progressivement des centrales à énergie fossile, les centrales les plus coûteuses (celles ayant le coût de production le plus élevé). On rappelle ici que les énergies renouvelables (éoliennes et centrales solaires) ont un coût marginal de production presque nul. Le coût de l'électricité devrait être influencé à la baisse.
On peut rappeler que le tiers de la facture d’électricité est constitué de taxes et de différentes contributions. Plutôt que de compter sur une évolution dans la recherche qui sera certainement longue, l'instrument fiscal est l'instrument le plus rapide à mettre en place.
La contribution tarifaire d’acheminement (CTA) est un bon exemple. Elle finance les droits spécifiques relatifs à l’assurance vieillesse des personnels des IEG (Industries Électriques et Gazières). L'État pourrait décider d'une baisse de ces taxes spécifiques ou bien simplement d'une baisse de la TVA appliquée.
Pour aller plus loin, n'hésitez pas à lire notre article sur la « Hausse des prix de l'électricité - Les causes et comment s’en prémunir ? »
Les prix de l'électricité, du gaz et du CO2 évoluent tous les jours et sont importants à suivre pour acheter au meilleur moment.
Au-delà de vous accompagner dans vos optimisations énergétiques, notre vision est de vous donner cette transparence en temps réel. Les données de prix vous permettent de prendre de meilleures décisions pour votre entreprise.

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Le €/MWh est une unité de prix utilisée sur les marchés de gros, tandis que le kWh est l’unité visible sur vos factures.
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Ce sont des signaux envoyés par RTE lors des périodes de tension sur le réseau électrique. L’outil Sirenergies vous informe en temps réel pour anticiper vos usages.
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L’industrie est concernée par la TICFE, la TICGN et d’autres contributions qui peuvent représenter une part importante des factures. Sirenergies identifie les cas d’exonération et accompagne les démarches pour en bénéficier.
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Le sourcing consiste à identifier et analyser les offres de plusieurs fournisseurs d’électricité et de gaz. Cette démarche permet d’obtenir des contrats adaptés au profil de consommation et aux contraintes budgétaires de l’entreprise.
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Le sourcing offre une meilleure visibilité sur le marché et favorise la sélection de contrats compétitifs. Il contribue à réduire les risques liés à la volatilité des prix et à optimiser le budget énergie.
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Les entreprises industrielles consomment d’importants volumes d’énergie pour leurs procédés de production. Elles doivent faire face à la volatilité des prix, à la gestion multi-sites et à des taxes spécifiques. La maîtrise des coûts est essentielle pour rester compétitif.
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Les bénéfices incluent une réduction directe des factures, une anticipation budgétaire renforcée et une meilleure maîtrise des consommations. Les entreprises gagnent en visibilité et en efficacité grâce à des outils adaptés.
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Les entreprises tertiaires sont concernées par des taxes comme la TICFE ou la TICGN. Sirenergies vérifie l’exactitude des factures, identifie les exonérations possibles et aide à corriger les erreurs pour réduire durablement les coûts.

