Pourquoi la consommation d'énergie augmente dans le monde ?

Après deux ans de pandémie suivie par la guerre en Ukraine, l’Europe est plongée dans une des plus graves crises énergétiques de son histoire. Face à ce défi, le gouvernement a lancé un plan de sobriété énergétique.

Pour autant, il semble aujourd’hui inéluctable que la demande mondiale d’énergie va continuer de croître. Pour quelles raisons ? Quelles en sont les ressorts ? Quelle est la situation par pays et par source d’énergie ?

Tant de questions sur lesquelles SirEnergies va tenter d’apporter un éclairage.

Quels sont les principaux pays consommateurs d'énergie dans le monde ?

Les pays consommant le plus d’énergie par habitant

La consommation d’énergie par habitant est très variable à travers le monde :

  • Elle est la plus élevée en Islande et au Qatar, respectivement 697,4 et 611,3 GJ/habitant ;
  • Viennent ensuite, avec 2 fois moins de consommation, le Canada et les Etats-Unis, respectivement 340,3 et 282 GJ/habitant.
  • Puis, avec une consommation 3 fois moindre, la Russie et l’Australie, respectivement 224,1 et 212,5 GJ/habitant.
  • Avec 4 fois moins de consommation, la France et l’Allemagne, respectivement 150,5 et 148,3 GJ/habitant.
  • Puis avec 6 fois moins de consommation, la Chine, soit 101,5 GJ/habitant
  • Et enfin, les pays du continent africain avec 27,4 GJ/habitant.

Retenons de ces chiffres que :

  • En moyenne un habitant de l’OCDE consomme 165,9 GJ/habitant, là où la moyenne mondiale s’établit à 79,1 GJ/habitant ;
  • Un américain consomme 2 fois plus qu’un Européen, qui lui-même consomme 1,5 fois plus qu’un chinois comme on peut le visualiser sur l’illustration ci-dessous :
Source : Connaissance des Énergies

Les consommations d’énergie par habitant sont impactées par les modes de vie du fait notamment :

  • Du climat, comme le montrent l’Islande et le Qatar situés aux extrêmes ;
  • De l’activité économique, comme le montrent les pays de l’OCDE.

Les principaux pays consommateurs d’énergie aujourd’hui

De façon factuelle, les 3 principaux pays consommateurs d’énergie dans le monde sont :

  1. La Chine,
  2. Les Etats-Unis,
  3. L’Inde.
Consommation d'énergie finale dans le monde - Source : BP Statista (2022)

En effet, les pays développés ou en développement sont aussi les plus gros consommateurs d’énergie. Les facteurs qui influencent le plus la consommation énergétique d’un pays sont :

  • Les modes de vie ;
  • Le niveau de développement ;
  • La taille de la population.

La croissance mondiale de la consommation d’énergie

En 40 ans, la demande mondiale d’énergie a doublé :

  • En 1978 elle était de 7 Gtep (milliards de tonnes équivalent pétrole) ;
  • En 2018 elle était de 14,3 Gtep

Cette croissance a été en moyenne de 1,8% par an sur 40 ans. Depuis l'avènement du charbon dans les années 1850, la consommation mondiale d’énergie n’a jamais cessé de croître comme l’illustre le graphique ci-dessous :

Source : Vaclav Smil et BP Statistical Review of World Energy

À l’échelle mondiale, on observe que le mix énergétique est un mille-feuille toujours plus important et qu’une source d’énergie primaire n’a jamais été remplacée par une autre.

Même si en France, on voit le charbon comme une énergie du passé, au niveau mondiale il n’en n’est rien, et on a jamais consommé autant de charbon qu’aujourd’hui.

À l’échelle mondiale, il n’y a jamais eu de transition d’une énergie vers une autre.

Les pays qui ont le plus émis de CO2 dans le monde depuis près de 300 ans

Notre usage des énergies fossiles est si important, qu’il est intimement lié au CO2 que nous émettons et au réchauffement climatique.

Lors des différentes COP, l’un des enjeux majeurs des négociations entre pays tient au fait que certains pays polluent beaucoup plus que d’autres. La Chine, qui produit 75% de son énergie à partir de charbon, est montrée du doigt comme étant un des principaux pollueurs de la planète.

Pour autant, depuis le début de l’ère industrielle, la Chine a pollué 2 fois moins que les USA ou l’UE comme le montre l’infographie réalisée par Our World in Data :

Source : Our World in Data


Quelle est l'énergie la plus utilisée dans le monde ?

Regardons maintenant quelles sont les sources d’énergie primaire :

Répartition des sources d'énergie dans le monde

Sans surprise, le pétrole est l’énergie la plus utilisée dans le monde.

La consommation d’énergie est répartie pour l’essentiel entre :

  • Le pétrole : 33%
  • Le charbon : 27%
  • Le gaz naturel : 24%

Ces énergies fossiles, carbonées par nature, représentent 84% de la consommation d'énergie primaire mondiale.

Source : abcclim

Selon le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), pour tenir l’engagement de l’accord de Paris et limiter le réchauffement à 1,5 °C d’ici 2050, l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz devra diminuer de 95, 60 et 45%, respectivement.

Le pétrole

Malgré les chocs pétroliers de 1973 et 1979, la consommation de pétrole n’a jamais cessé de croître et représente aujourd’hui 42% de la consommation énergétique mondiale.

En France, le pétrole représente 28% de la consommation d’énergie primaire en 2020, juste après l’énergie nucléaire (40%) et avant le gaz naturel (16%).

La France produit 1% de ses besoins en hydrocarbures à partir de quelques gisements situés dans le bassin parisien et dans le bassin aquitain.

En 2020, le premier fournisseur de pétrole brut à la France est le Kazakhstan (15,6%), suivi par les États-Unis (12,7%) et l’Arabie saoudite (11,8%), viennent ensuite la Norvège, l’Algérie et le Nigéria pour 10% chacun, enfin la Russie avec 8,7% du besoin en énergie de la France.

Le charbon

L’année 2022 a été une année record dans la consommation mondiale de charbon, selon l’AIE, avec 8 milliards de tonnes, dont 50% ont été consommés uniquement par la Chine.

Entre 2000 et 2018, la capacité installée de centrales thermiques à charbon dans le monde a doublé, passant de 1 à 2 millions de MW installés selon Carbon Brief. La majorité de ces nouvelles centrales ont été installées en Chine, Inde et Afrique du Sud.

En France, la consommation de charbon concerne :

  • La centrale thermique Emile-Huchet à Saint-Avold en Moselle où la tranche 6 de 600 MW, arrêtée le 31 mars 2022, a rouvert, du fait de la crise énergétique et de l’indisponibilité du parc électronucléaire ;
  • La centrale thermique de Cordemais en Pays de Loire qui dispose de 2 unités de 600 MW, soit 1 200 MW, dont la fermeture est prévue en 2026.

Le gaz naturel

Chaque seconde, comme le simule le site Planetoscope, 110 000 m3 de gaz naturel sont consommés dans le monde soit 3,5 milliards de m3 par an.

Les principaux pays producteurs sont :

Source : Connaissance des Énergies

En France, la découverte en 1951 du gisement de Lacq dans le bassin aquitain a permis d’alimenter en partie le réseau de gaz naturel du pays de 1957 à 2013.

En 2021, la France importe du gaz naturel en provenance de Norvège pour 36%, d’Algérie, des Pays-Bas et du Nigeria pour 8% chacun.

Enfin, la part des importations de gaz russe qui étaient de 17% en 2021, ne représente aujourd’hui plus que 7% des importations du fait des conséquences de la guerre en Ukraine.

Densité énergétique et tonne de pétrole

La densité énergétique représente le quotient de l’énergie par unité de masse, ainsi 1 tonne de pétrole, soit 7 barils, correspond à :

  • 3 tonnes de bois (environ 7 stères),
  • 1,3 tonne de charbon,
  • 1 200 m3 de gaz naturel,
  • 0,5 gramme d’uranium-235.

Le pétrole étant facile à transporter et dense énergétiquement, il est très utilisé dans les véhicules et a contribué à l’essor de l’automobile en attendant l’essor de la voiture électrique.

Quelle sera la demande en énergie en 2050 ?

Dans le monde

D’ici 2050, la consommation d’énergie dans le monde pourrait croître de 50% !

Cette hausse pourrait même atteindre près de 70% dans les pays en développement, voire une hausse de 100% en Asie (Chine et Inde comprises).

Hors pays de l’OCDE, cette croissance de la demande s’explique par :

  • Une forte croissance économique et un accès accru à l’énergie ;
  • Une croissance démographique rapide, notamment en Afrique.

Dans les pays de l’OCDE, la consommation pourrait croître de, seulement, 15% du fait d’une croissance économique et démographique plus faible, et de progrès notamment en efficacité énergétique.

Source : US Energy Information Administration

En France

En France, de nombreux scénarios ont été à horizon 2050 :

  • Le réseau de transport d’électricité, RTE, a présenté une étude prospective intitulée “Futurs Énergétiques 2050” prévoyant une consommation d’énergie qui doit diminuer de 40% en 2050.
Consommation d'énergie finale en France et dans la SNBC - Source : Futurs Énergétiques 2050 par RTE
  • L’ADEME a élaboré différents scénarios pour 2050 dans lesquels l’approvisionnement énergétique repose à plus de 70% sur les énergies renouvelables et où l’électricité est l’énergie prépondérante.
  • Le scénario construit par l’ANCRE (Alliance Nationale de Coordination de la Recherche pour l'Energie) pour la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) prévoit une réduction de la consommation d’énergie finale de 50% en 2050 par rapport à la référence de 2012, et, une réduction de la consommation d’énergie primaire de plus d’un tiers entre 2015 et 2050.

Quelles énergies sont concernées par ces évolutions ?

Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), la consommation énergétique mondiale de toutes les sources d’énergie va croître d’ici 2050 et les énergies fossiles seront encore majoritaires dans le mix énergétique avec une part de 69%, contre 80% en 2018.

Quelles sont les solutions pour réduire notre consommation d'énergie d'ici à 2050 ?

Le plan de sobriété énergétique

Dans le contexte de crise énergétique actuelle, la Première ministre, Élisabeth Borne, a présenté le 6 octobre 2022 un plan de sobriété ayant pour objectif de réduire la consommation énergétique de la France.

Ce plan s'appuie sur 4 piliers :

Ce plan n’est pas sans rappelé la politique mise en œuvre sous Valéry Giscard d’Estaing : « En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées ! ». Comme en 1976, des économies d’énergie sont demandées aux Français, telles que :

  • 19 °C de température maximale dans les bureaux,
  • Limitation de la vitesse à 110 km/h sur autoroutes pour les agents de l’Etat ;
  • Extinction de la publicité lumineuse entre 1 heure et 6 heures du matin.

Futurs énergétiques de la France en 2050

L’étude “Futurs énergétiques 2050” de RTE montre que la consommation d’énergie doit baisser de 40% en France, et que la consommation d’électricité doit augmenter de 50%.

RTE préconise une stratégie de développement construite autour de 3 axes majeurs :

  • L’efficacité énergétique ;
  • L’utilisation plus importante de la biomasse ;
  • L’électrification des usages (véhicules électriques, bornes de recharge, etc.).

Tous les scénarios énergétiques étudiés par le gestionnaire du réseau de transport nécessitent :

  • Le développement accru des parcs éoliens et photovoltaïques ;
  • L’hydrogène décarboné pour le transport lourd et l’industrie ;
  • Le redimensionnement de son réseau de transport d’électricité.

Tout nous porte à croire, comme le souligne l’AIE, que la consommation d’énergie va continuer à croître dans le monde d’ici 2050 pour plusieurs raisons :

  • Elle n’a jamais cessé de croître depuis le début de l’ère industrielle ;
  • La croissance économique (PIB) et la consommation d’énergie sont corrélées ;
  • Les pays du continent africain vont connaître une croissance démographique et économique majeure.

Pour autant, fin septembre, les ministres européens de l'Énergie ont défini un objectif de réduction de 10 % de la consommation brute d'électricité dans l’Union. En France, rappelons-le, le gouvernement a lancé un plan de sobriété énergétique ambitieux.

Or on constate que ce dernier porte ses fruits puisque la consommation a baissé sur les 4 dernières semaines de -6,5% par rapport à la même période de 2014 à 2019.

Il y a un espoir que l’UE puisse trouver des solutions et montrer la voie aux autres pays du monde pour tendre vers : plus d’efficacité énergétique, moins de consommation, et moins d’émissions de CO2.