
Virginie
LEFÈVRE
Rédactrice Sirenergies
Table des matières
February 4, 2025
8
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Ses principes sont connus depuis le milieu du XIXe siècle. Pourtant, ce n’est qu’en 2009 que le biogaz – et son cousin le biométhane – ont été reconnus officiellement comme des sources d’énergie renouvelable d’origine naturelle par l’Europe.
Depuis, le biométhane ne cesse de progresser, s’affirmant comme une alternative énergétique durable et crédible au gaz naturel d’origine fossile.
Produit à partir de déchets organiques, ce gaz vert et renouvelable offre une solution concrète de transition énergétique et de décarbonation.
Qu’est-ce que le biométhane ? Comment son usage se démocratise-t-il en France et dans le monde ?
Entre perspectives d’avenir et freins à son développement, SirEnergies vous éclaire sur cette source d’énergie qui pourrait bien être l’un des piliers d’un avenir énergétique durable.
Le biométhane est un gaz vert et décarboné issu du processus de méthanisation. Très proche du gaz naturel par sa teneur en méthane et sa densité énergétique, il s’impose comme une source d’énergie alternative 100 % renouvelable très prometteuse.
La méthanisation consiste à produire de l’énergie à partir de la biomasse et de déchets organiques (effluents agricoles, résidus alimentaires, boues de station d’épuration, etc.).
Placées dans un digesteur, les matières organiques sont dégradées par des micro-organismes. Ce processus de fermentation naturel, réalisé en l’absence d’oxygène, génère du biogaz.
Le biogaz est un gaz brut, composé à ~60 % de méthane (CH₄) mais aussi à ~40 % de dioxyde de carbone (CO₂) et d’autres composés chimiques (eau, sulfure d’hydrogène, ammoniac). Une fois épuré, le biogaz donne naissance au biométhane, un gaz à très forte teneur en méthane (~98 %) et aux propriétés très proches du gaz naturel.
Le biométhane est une ressource énergétique 100 % renouvelable et polyvalente. Purifié, ce gaz vert et décarboné peut être utilisé dans les mêmes conditions que le gaz naturel. Son injection directe dans les réseaux de transport et de distribution permet d’alimenter les consommateurs finaux et de couvrir leurs besoins en énergie (chauffage, eau chaude sanitaire, cuisson, usages industriels…).
Le biométhane est aussi utilisé en cogénération pour produire de l’électricité et/ou de la chaleur.
Mais l’un des usages les plus prometteurs du biométhane réside dans la décarbonation du secteur des transports. Le biométhane appartient à la famille des biocarburants. Grâce à sa qualité similaire au gaz naturel, il peut alimenter les véhicules roulant au Gaz Naturel pour Véhicules (GNV), notamment les bus, camions ou bennes à ordures ménagères. Si son usage reste encore confidentiel, ce carburant plus propre participe à la transition vers une mobilité plus verte, aux émissions de CO₂ et de particules fines réduites.
Dans un contexte de transition énergétique, le biométhane attire tous les regards. Il cumule les avantages : faible impact environnemental, flexibilité, prévisibilité et valorisation vertueuse des déchets et de la biomasse.
Tout processus de production d’énergie émet des gaz à effet de serre. La méthanisation ne fait pas exception. Cependant, le bilan carbone du biométhane penche largement en sa faveur. Selon GRDF, il est dix fois inférieur à celui du gaz naturel d’origine fossile. Selon le cabinet Carbone 4, substituer le gaz naturel par le biométhane réduit d’environ 80 % les émissions de GES sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
Ce bilan proche de la neutralité carbone s’explique par un effet de compensation : la quantité de CO₂ émise par la méthanisation est compensée par le CO₂ capté par les végétaux tout au long de leur vie. La méthanisation évite aussi la dégradation très polluante des déchets à l’air libre et les émissions de méthane, un GES au PRG ~225× supérieur à celui du CO₂.
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Avec la méthanisation, les déchets se transforment en ressource locale. La production de biogaz et de biométhane valorise les déchets et évite les émissions polluantes liées à leur transport en décharge, leur enfouissement ou leur incinération.
Généré à partir de déchets locaux (agriculture, collectivités, stations d’épuration, industrie) et consommé à proximité, le biométhane participe à une économie circulaire de proximité non délocalisable.
Le biométhane est une source d’énergie prévisible et flexible, dont la production est estimable en amont selon les volumes d’intrants. Il complète utilement les ENR intermittentes (éolien, solaire).
Facile à stocker et mobilisable à la demande, il aide à équilibrer l’offre et la demande de gaz selon les pics de production et de consommation.
Issu de ressources locales et renouvelables, le biométhane contribue à la diversification des sources d’approvisionnement en énergie et à la souveraineté énergétique des territoires.
En 2024, près de 700 installations injectent du biométhane, pour une capacité maximale de 12,6 TWh (+5 % en un an). Plus de 900 projets sont à l’étude. En 2023, l’injection représentait ~2,3 % de la consommation primaire de gaz. Objectif LTECV : 10 % en 2030.
Le plan RePowerEU (2022) vise 35 Gm³ en 2030. En 2024, la capacité atteint ~6,4 Gm³ (+37 % en deux ans). L’Allemagne demeure n°1, la France n°2, devant le Royaume-Uni, l’Italie et le Danemark. L’EBA recense ~950 projets susceptibles d’atteindre ~13 Gm³/an.
En 2023, le biométhane ne pèse encore que ~0,25 % de la conso mondiale de gaz, mais la dynamique s’accélère : >10 Gm³ produits fin 2024, ~60 % en Europe. Les États-Unis concentrent ~4 Gm³/an, avec des plans à 1 000 unités en 2030 et 5 000 en 2040. L’Inde, le Brésil et la Chine montent progressivement en puissance.
Coût de production encore élevé (~90–100 €/MWh en 2024) vs gaz naturel (~30–35 €/MWh livraison 2024). CAPEX significatifs (site type : ~4 M€).
Ressource contrainte et conflits d’usage (alimentation, puits de carbone, CIVE, biocarburants). Le SGPE (2024) anticipe un déficit de biomasse en 2030 en France (artificialisation, forêts ralenties).
Raccordements difficiles quand les sites sont éloignés, rebours nécessaires, maillage de stations d’avitaillement GNV/bioGNV encore limité (~350 ouvertes fin 2023).
Nuisances perçues (odeurs, trafic) → besoin de concertation locale, transparence et bonnes pratiques d’exploitation.
Pour conclure — Le biométhane cumule des atouts environnementaux, économiques et stratégiques. Avec un soutien public/privé constant et l’innovation technologique, il peut devenir un levier majeur de décarbonation au cœur du mix énergétique.