L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (IAEA)

il y a un mois   •   7 minutes de lecture

Table des matières

Depuis la découverte de la radioactivité en 1896 par Henri Becquerel, l’énergie nucléaire suscite espoirs et inquiétudes. Créée en 1957, l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique est au cœur de la régulation et de la promotion des technologies nucléaires à des fins pacifiques.

Sa devise, « L’atome pour la paix et le développement », révèle son rôle central dans le déploiement sûr et éthique de l’énergie nucléaire au niveau international.

Qui est l’IAEA ? Quelles sont ses missions et ses activités ? À quels défis est aujourd’hui confrontée l’organisation ? Coup de projecteur sur l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, lauréate du Prix Nobel de la paix 2005.

Qui est l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (IAEA) ?

L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) – ou International Atomic Energy Agency (IAEA) – appartient à la grande famille des Nations Unies pour favoriser la paix dans le monde. Sa mission : promouvoir l’atome pacifique, contrôler l’atome militaire.

L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique : un peu d’histoire

L'Agence Internationale de l'Énergie Atomique est créée en 1957, sous l'égide de l’ONU (Organisation des Nations Unies). Elle est une réponse à la nécessité de réguler l'utilisation de l'énergie nucléaire, en particulier après les traumatismes causés par les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki en 1945.

C’est le Président américain Eisenhower qui, dans son discours L’atome au service de la paix de 1953, trace la voie vers la création d’une agence internationale de l’énergie atomique. Les grands principes de son allocution sont repris dans le statut de l’IAEA, ratifié en octobre 1956 par 81 pays.

Depuis sa création officielle le 29 juillet 1957, l'IAEA vise un double objectif : promouvoir l'utilisation pacifique et sûre de l'énergie nucléaire et prévenir son usage à des fins militaires.

L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique : organisation

En 2023, l’IAEA est composée de 177 États membres. Organisation indépendante au cœur du système des Nations Unies, elle est dirigée par :

  • La Conférence Générale des États membres : réunie une fois par an, la Conférence Générale vote le budget et le programme de l’IAEA, débat de la stratégie et approuve les adhésions et modifications de statut.
  • Le Conseil des gouverneurs : composé de 35 membres, il supervise les activités de l'IAEA, examine son programme et son budget, et émet des recommandations à la Conférence Générale.

Sous l’autorité du Directeur général, le Secrétariat met en œuvre les décisions. Les experts de l’IAEA sont répartis dans six départements en rapport avec leurs activités : administration et gestion, coopération technique, énergie nucléaire, sûreté et sécurité nucléaires, sciences et applications nucléaires, contrôle des accords internationaux.

Cette organisation permet à l'IAEA de couvrir un large éventail de domaines liés à l'énergie nucléaire, tout en maintenant une expertise approfondie dans chaque secteur.

Quel est le rôle de l’IAEA ?

La mission de l’IAEA est inscrite dans son statut depuis 60 ans. « L’Agence s’efforce de hâter et d’accroître la contribution de l’énergie atomique à la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier. Elle s’assure (...) que l’aide fournie (…) n’est pas utilisée de manière à servir à des fins militaires. »

Le contrôle des traités internationaux et des installations nucléaires

L'une des activités principales de l'IAEA consiste à garantir les accords internationaux sur le nucléaire. Elle veille notamment au respect du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Entré en vigueur en 1970, le TNP prône le désarmement.

Les axes de travail basés sur le Traité de non-prolifération des armes nucléaires sont :

  • La sûreté et la sécurité du parc nucléaire ;
  • Les garanties et la vérification des activités et installations nucléaires ;
  • La promotion de l’utilisation pacifique des sciences et des technologies nucléaires.

Au niveau de chaque pays, l’agence s’appuie sur des autorités de sûreté nationales.

Via des accords de garanties généralisées (AGG) et un protocole additionnel, il engage les pays signataires non dotés d’armes atomiques à ne pas utiliser les programmes nucléaires à des fins militaires.

L'IAEA effectue des inspections de vérification et de contrôle des matières nucléaires et des installations des États membres pour détecter à un stade précoce les éventuels détournements de matières nucléaires ou les utilisations abusives de la technologie nucléaire. Les résultats sont publiés dans le rapport annuel sur la mise en œuvre des garanties.

Le contrôle de la sûreté et sécurité nucléaires

La sûreté des installations et centrales nucléaires, la sécurité des personnes et la protection de l’environnement sont des préoccupations majeures pour l'IAEA. L’organisation établit la réglementation nucléaire internationale.

Ses normes de sûreté et codes de conduite servent de socles aux cadres législatifs et réglementaires nationaux de la sécurité nucléaire. Ces exigences visent à assurer la sûreté nucléaire à tous les niveaux : sûreté de la production nucléaire, sûreté de la gestion et du traitement des déchets radioactifs, sûreté du transport de matières nucléaires, sûreté de la radioprotection.

L’IAEA propose également aux États membres des services d’examen et des formations pour renforcer leurs capacités en matière de sûreté et de sécurité nucléaires et les préparer aux situations d’urgence.

Le soutien aux applications civiles de l'énergie nucléaire

L'IAEA encourage l'exploitation pacifique de l'énergie nucléaire dans divers domaines tels que la médecine, l'agriculture, l'industrie ou la protection de l'environnement.

L’agence fournit une expertise technique, des formations et des ressources pour aider les États membres de l’IAEA à tirer parti des avantages de l'énergie nucléaire de manière responsable.

L’assistance aux pays en développement

L'IAEA aide les pays en développement à exploiter les technologies nucléaires pour atteindre leurs objectifs de développement durable (ODD).

Le programme de coopération technique de l’IAEA promeut le transfert de technologies, le partage des connaissances et les partenariats entre États membres. Les experts de l’organisation accompagnent le déploiement d'installations et centrales nucléaires sécurisées.

La recherche coordonnée en matière nucléaire

L’IAEA soutient la recherche pour développer des applications pratiques et pacifiques de l’énergie atomique.

L’Agence encourage la collaboration internationale dans ses laboratoires spécialisés et via « les projets de recherche coordonnée » (PRC). Ceux-ci portent sur des domaines variés, comme la mise en place de réseaux et de bases de données, l’élaboration d’outils de diagnostic et d’analyse, ou le transfert de technologies.

L’IAEA : quelques chiffres-clés

  • Siège social : Vienne (Autriche)
  • 1957 : année de la création
  • 177 : nombre d’États membres en 2023
  • 750,8 millions d’euros (budget 2024) dont 426,4 millions € pour le budget ordinaire et 127,2 millions € pour le programme de coopération technique.
  • 2 500 : nombre de fonctionnaires
  • 614 : projets de coopération technique en cours en 2023
  • 31 : projets de recherche coordonnés en cours en 2023
  • 19 : nombre de laboratoires en 2023

Quels défis pour l’IAEA ?

Les technologies nucléaires s’affirment comme des réponses efficaces face aux enjeux actuels, sociaux, énergétiques et environnementaux. Dans sa stratégie 2024-2029, l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique s’organise pour continuer à garantir une utilisation pacifique, efficace, équitable et sûre du nucléaire, dans un monde de plus en plus nucléarisé.

Garantir la sûreté et la sécurité nucléaires

Face aux problématiques de développement, de plus en plus de pays sont séduits par les technologies nucléaires. L’instabilité géopolitique laisse aussi planer des inquiétudes quant à des utilisations malveillantes de l’énergie atomique.

Dans ce contexte, l’IAEA se trouve confrontée à des défis uniques en matière de contrôle et de régulation. Dans les années à venir, l’Agence devra continuer à renforcer ses capacités techniques pour protéger les pays et les populations face à la montée des risques pesant sur la sûreté et la sécurité nucléaires.

S’adapter aux avancées technologiques

Les progrès technologiques rapides dans le domaine nucléaire, tels que l’essor des réacteurs de nouvelle génération (SMR) et l'intelligence artificielle, nécessitent une vigilance accrue de la part de l'IAEA.

L'Agence devra anticiper ces évolutions pour maintenir des normes de sûreté et de sécurité élevées. Elle devra s’adapter pour saisir toutes les opportunités offertes par ces technologies émergentes pour un monde plus durable.

Faciliter l’accès aux technologies nucléaires

Face aux défis climatiques, énergétiques et sociaux, l’IAEA s’attend dans les prochaines années à une demande d’assistance accrue de ses États membres pour développer les usages nucléaires.

Via son programme de coopération technique, l’Agence jouera un rôle crucial pour faciliter l’accès de tous ses pays membres aux technologies nucléaires et à leur utilisation durable, et accompagner la construction d’installations et de centrales sécurisées.

Soutenir le développement d’une énergie bas carbone

L’énergie nucléaire est aujourd’hui une solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le changement climatique. Dans son discours à la COP 28, le directeur de l’IAEA, Rafael Mariano Gossi, l’affirme : le zéro émission nette « passe nécessairement par l’électronucléaire. »

Le partage d’expertises, de technologies et de ressources entre les pays seront essentiels pour maximiser le potentiel mondial d’une énergie atomique bas carbone, propre et sécurisée. C’est ce qu’entend encourager l’IAEA via son initiative Atomes4NetZero et l’organisation conjointe avec la Belgique du premier Sommet sur l’énergie nucléaire en mars 2024. 

Lutter contre les effets néfastes sur l'environnement

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), en collaboration avec l'Argentine, a lancé sa première expédition de recherche scientifique en janvier 2024 pour étudier la présence de microplastiques en Antarctique.

Cette mission s'inscrit dans le cadre des efforts visant à lutter contre ce problème environnemental croissant, même dans les régions les plus reculées de la planète.

L'équipe de scientifiques, armée de technologies nucléaires et isotopiques, collectera des échantillons d'eau, de sédiments et de vie marine.

En plus de la recherche scientifique, cette expédition vise à sensibiliser le public à la pollution plastique et à ses dangers pour la planète.

Un pas important vers la protection de nos océans et de la vie marine, même au bout du monde !

L'Agence Internationale de l'Énergie Atomique incarne les efforts mondiaux pour une utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, sûres et bénéfiques pour l'humanité.

Face à la montée des risques, l’IAEA est aujourd’hui confrontée à de nouveaux défis en matière de sécurité et de sûreté nucléaires, mais aussi de coopération internationale et de développement. 

Avec la croissance de l’électronucléaire et des technologies atomiques, l’organisation internationale affirme sa position centrale d’acteur stratégique et opérationnel, incontournable pour un avenir mondial résilient et durable.

Contactez-nous

Cet article vous a intéressé ?
Partagez-le ! ☺️