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🚨️La "taxe carbone" aux frontières, un mécanisme européen explosif à la COP

🚨️La "taxe carbone" aux frontières, un mécanisme européen explosif à la COP

November 10, 2025

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Bruxelles (Belgique), 10 nov 2025 (AFP) - C'est un mécanisme environnemental européen qui irrite nombre de pays étrangers. La "taxe carbone" aux frontières de l'UE s'invite dans les discussions de la COP30 au Brésil.

. De quoi s'agit-il ?

Pour verdir ses importations, l'Union européenne a lancé en 2023 ce "mécanisme d'ajustement carbone" aux frontières (CBAM), en phase de test avant de devenir pleinement opérationnel à partir de 2026.

Cette "taxe carbone" s'applique à l'acier, l'aluminium, le ciment, les engrais, l'électricité et l'hydrogène, des secteurs extrêmement polluants et exposés à une forte concurrence internationale.

Elle vise à imposer aux importations un prix du carbone similaire à celui en vigueur en Europe, où les entreprises payent pour polluer.

En pratique, les importateurs - souvent des grandes sociétés de "trading" - sont tenus de déclarer les émissions de CO2 liées au processus de production à l'étranger. Si celles-ci dépassent les standards européens, ils doivent acheter un "certificat d'émission" au prix du CO2 dans l'UE.

"L'objectif de l'ajustement, c'est d'éviter le phénomène des fuites de carbone", explique à l'AFP le spécialiste Pierre Leturcq, de l'Institute for European Environmental Policy. C'est-à-dire d'empêcher que des entreprises polluantes délocalisent leur production dans des pays où les réglementations climatiques sont moins strictes.

Le tout alors que le prix du CO2 augmente dans l'UE. "Entre 70 et 80 euros la tonne en ce moment", le carbone "devrait atteindre plus de 100 euros la tonne d'ici 2030", ce qui pourrait "quasiment doubler le prix de la tonne d'acier par exemple", poursuit Pierre Leturcq.

L'UE planche aussi sur l'extension de ce mécanisme à d'autres secteurs, un sujet particulièrement sensible pour l'automobile ou l'aéronautique.

. Pourquoi les autres pays pestent ?

L'Europe met en avant un mécanisme "vertueux", qui incite le reste du monde à être plus exigeant en matière environnementale. Mais il est perçu par d'autres pays comme une barrière commerciale déguisée.

Cet instrument a été "mal compris" et "mal interprété" par les partenaires commerciaux de l'UE, estime Elisa Giannelli, du think tank environnemental E3G. "Personne n'a vraiment pris la peine de leur expliquer de quoi il s'agit".

Le mécanisme CBAM est dans le viseur de Donald Trump, qui ne cesse de brocarder la politique climatique des 27 et réclame un traitement de faveur pour les entreprises américaines.

"Ce qu'il déteste, c'est qu'on lui impose une vision du monde, une façon de faire. Son opposition au CBAM va de pair avec une opposition très large à toute forme de politique environnementale", souligne Pierre Leturcq.

Ce spécialiste juge plus légitimes les préoccupations de pays du Sud qui ont une "inquiétude réelle sur un agenda du Nord qui leur ferait supporter le coût financier des émissions de CO2 au lieu de se l'appliquer à soi-même".

Mais c'est un faux procès, réplique l'eurodéputé centriste Pascal Canfin. Le CBAM "concerne essentiellement les échanges avec les pays industrialisés, les Etats-Unis, le Canada, la Chine, plus la Russie et l'Ukraine pour les fertilisants. C'est un non-sujet pour les pays en développement", dit cet élu qui a porté le texte au Parlement européen.

. Une source de crispation à la COP ?

Cette "taxe carbone" européenne est visée spécifiquement par un groupe de pays dont la Chine, l'Inde et la Bolivie, qui exigent d'inscrire les "mesures commerciales unilatérales" à l'ordre du jour de la conférence de l'ONU sur le climat (COP30) jusqu'au 21 novembre au Brésil.

Elle est l'un des sujets récurrents de bras de fer entre Nord et Sud, comme lors des deux précédentes COP.

Pierre Leturcq redoute même que cela parasite les "discussions de fond" sur le financement de la lutte contre le changement climatique et les efforts d'atténuation, qui nécessitent des centaines de milliards d'euros.

Alors que ce mécanisme aux frontières de l'Europe, qui ne doit rapporter que 1,4 milliard par an à l'UE à partir de 2028, aura un impact "assez minime" sur les émissions de carbone.

Pour rassurer les pays du Sud, certains spécialistes conseillent à l'UE d'utiliser une partie des fonds récoltés via cet instrument pour soutenir des initiatives de décarbonation en dehors de l'Europe.

Outre l'UE, le Royaume-Uni a également prévu de mettre en place son propre mécanisme d'ajustement carbone aux frontières d'ici 2027. D'autres pays pourraient suivre.

Dans l'opposition à Donald Trump aux Etats-Unis, le sénateur démocrate Sheldon Whitehouse loue le dispositif européen pour faire monter le prix de la pollution dans le monde.

C'est "notre dernière bouée de sauvetage", estime cet élu très engagé sur les questions climatiques. "Si ce système perdure et s'étend au Royaume-Uni, à l'Australie, au Canada et à d'autres pays, une voie vers la sécurité climatique commencera à se dessiner".

"Sans cela, c'est fini".

adc-ub/jca/mad/

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