🚨️Vivre sans l'énergie russe : l'UE cherche la formule magique

06 mai 2025   •   3 minutes de lecture

Bruxelles (Belgique), 6 mai 2025 (AFP) - Après plusieurs reports, l'Union européenne dévoile mardi son plan pour tenter de se passer de l'énergie russe, un vrai défi tant l'Europe importe de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis la Russie actuellement.

En marge d'une session des eurodéputés à Strasbourg, le commissaire européen Dan Jorgensen présentera à 15H30 cette feuille de route très attendue, objet de plusieurs mois de flottements.

Depuis l'invasion russe en Ukraine, l'Union européenne a instauré un embargo sur le pétrole russe fin 2022 et s'efforce de réduire ses approvisionnements de gaz par gazoducs.

Mais l'UE s'est en partie tournée vers le GNL, transporté par navire, déchargé dans des ports, regazéifié puis injecté dans le réseau européen de gaz.

Et derrière les Etats-Unis (45%), la Russie occupe une grande place avec 20% des importations de GNL de l'UE en 2024, soit 20 milliards de mètres cubes sur la centaine de milliards importés.

Pour tenter de se passer de l'énergie russe, "le principe directeur est la diversification des approvisionnements", a indiqué une porte-parole de la Commission, Paula Pinho, il y a quelques jours.

L'UE avait évoqué il y a plusieurs mois la possibilité d'augmenter encore ses importations de GNL américain. Mais les tensions commerciales avec les Etats-Unis de Donald Trump ont brouillé les cartes.

"Nous sommes tous d'accord pour dire que nous devons nous débarrasser du gaz de Poutine", mais le plan européen pour se passer de l'énergie russe "a été retardé en raison de la situation géopolitique", avait déploré l'eurodéputée centriste danoise Sigrid Friis (Renew).

Et il a fallu attendre le 1er mai pour que le commissaire européen en charge du commerce, Maros Sefcovic, suggère de nouveau dans une interview au journal Financial Times de "résoudre très rapidement" le différend avec l'administration Trump grâce à des achats de GNL américain ou de produits agricoles comme le soja.

Le président américain a lui-même mis une forte pression aux Européens début avril en leur réclamant de commander massivement de l'énergie aux Etats-Unis, à hauteur de 350 milliards de dollars (309 milliards d'euros).

La France, porte d'entrée

Dans les couloirs de la Commission, on reconnaît que les discussions ont été particulièrement sensibles au sujet du gaz russe, sur fond de craintes d'une nouvelle flambée des prix de l'énergie. Quelques Etats membres comme la Hongrie ne cachent pas leur proximité avec Moscou.

Et certains pays sont plus dépendants que d'autres au GNL russe.

La France est par exemple en première ligne avec ses cinq terminaux de regazéification dont celui de Dunkerque. Selon le groupe de réflexion IEEFA, elle a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024 et versé 2,68 milliards d'euros à la Russie.

Le plan présenté mardi comprendra-t-il une proposition d'embargo contre le gaz liquéfié russe à plus ou moins long terme ?

"Cette option pourrait être très difficile à mettre en oeuvre", car elle nécessite l'unanimité des 27, expose Simone Tagliapietra, spécialiste des questions européennes au centre de réflexion Bruegel.

Compte tenu de cette contrainte, une importante hausse des droits de douane sur toutes les importations de gaz russe (gazoducs et GNL) "pourrait être l'option la plus viable pour l'UE", estime-t-il.

Selon l'eurodéputé Yvan Verougstraete (Renew), qui suit les questions énergétiques au Parlement, la Commission pourrait malgré tout proposer une loi pour interdire totalement les importations de gaz russe d'ici à 2027.

Au-delà du gaz liquéfié, la Commission européenne ne cesse de souligner tous les efforts qui ont été faits pour réduire la dépendance aux énergies fossiles russes depuis l'invasion de l'Ukraine.

En quelques années, "nous sommes passés de 45% d'importations de gaz (gazoducs et GNL) en provenance de Russie à 18%. Nous sommes passés d'un baril de pétrole sur cinq à un baril sur cinquante", a insisté la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, fin avril à Londres.

Mais "nous nous savons tous qu'il reste encore beaucoup à faire", a ajouté la dirigeante, qui ne veut plus "dépendre d'une puissance hostile pour notre approvisionnement en énergie".

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