🚨️Les marchés européens flambent après le "grand bazooka" d'investissements allemand

05 mars 2025   •   3 minutes de lecture

Paris, 5 mars 2025 (AFP) - Les taux d'emprunt des États européens flambent sur le marché obligataire, tout comme l'euro et les actions du continent qui s'envolent après le "grand bazooka" d'investissements annoncé par l'Allemagne pour booster son économie et sa défense.

L'Allemagne, première économie de la zone euro, en récession depuis deux ans, veut débloquer des centaines de milliards d'euros pour renforcer son armée et relancer sa croissance.

Sous pression du retournement d'alliance des États-Unis, son allié historique, le futur chancelier de l'Allemagne prône désormais le "quoi qu'il est coûte" dans le domaine de la défense, pour lequel le plafond national que s'est fixé constitutionnellement le pays depuis 2011 pour limiter son endettement va de facto être levé.

C'est "l'un des plus grands changements de régime budgétaire de l'histoire d'après-guerre", souligne Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.

L'objectif est d'atteindre un volume d'"au moins 100 milliards d'euros par an" de dépenses pour la défense, a dit une responsable du SPD, Manuela Schwesig, soit deux fois plus que ce qui est prévu actuellement.

Cela rapprocherait l'Allemagne du seuil annuel de 3% du PIB correspondant au nouvel objectif que pourraient bientôt se fixer les pays de l'Otan.

Sur le marché obligataire, les investisseurs anticipent "une hausse de l'inflation", explique Christopher Dembik, conseiller en investissement de Pictet AM.

Les taux d'emprunt des États européens s'envolent: l'allemand à échéance 10 ans est passé de 2,49% mardi à 2,75% vers 14H55 GMT, une variation jugée très conséquente sur ce marché. Son équivalent français passait de 3,23% à 3,48%, l'italien de 3,62% à 3,89%.

L'euro s'envolait de 1,30% face à la devise américaine, à 1,0765 dollar pour un euro.

"Il y a une surréaction des investisseurs qui donne l'impression que tous ces milliards vont être déversés du jour au lendemain, alors que ces montants seront débloqués progressivement, donc l'impact inflationniste est très dur à mesurer aujourd'hui", nuance toutefois Christopher Dembik.

"Les marchés d'actions interprètent ces annonces de manière très bénéfiques pour les secteurs de l'industrie, de la banque et de la défense", souligne-t-il.

Vers 14H55 GMT, le DAX de Francfort s'envolait de 3,16%, le CAC 40 de Paris grimpait de 1,63%, Londres de 0,19% et Milan de 2,21%.

A Wall Street, le Nasdaq faisait du surplace (-0,03%), tout comme le S&P 500 (+0,09%), tandis que le Dow Jones grappillait 0,36%.

Défense et industrie au beau fixe

Parallèlement des annonces allemandes, la Commission européenne a dévoilé un plan pour "réarmer l'Europe" destiné à mobiliser près de 800 milliards d'euros pour sa défense, mais aussi à fournir une aide "immédiate" à l'Ukraine après le gel de l'aide américaine.

Le plan sera examiné au cours d'un sommet européen jeudi à Bruxelles.

Parmi les valeurs de la défense, à Paris, Thales s'envolait de 6,84% et Dassault Aviation de 4,36% vers 14H55 GMT.

A Francfort, Rheinmetall prenait 5,30% et Hensoldt 4,84%. A Stockholm, Saab gagnait 6,20% et à Milan Leonardo prenait 3,61%.

"C'est une nouvelle qui profite à l'industrie européenne dans son ensemble, et donc pas seulement à l'armement", relève M. Baradez.

La Commission européenne a aussi annoncé qu'elle dévoilerait le 19 mars son plan pour l'acier, un secteur déjà en crise et sous la menace de droits de douane américains.

En tête du CAC 40, ArcelorMittal gagnait 9,85% et le géant des matériaux Saint-Gobain 8,14%. A Londres, Glencore gagnait 3,23%. A Francfort, l'industriel Thyssenkrupp flambait de 12,88%.

Le pétrole glisse

Le marché du pétrole est lesté par le maintien des hausse progressives, à partir d'avril, de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+).

Vers 14H55 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 1,48% à 69,56 dollars, et son équivalent américain, le WTI cédait 2,59% à 66,49 dollars.

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