🚨️La France, porte d'entrée dans l'UE pour le GNL russe

04 mars 2025   •   2 minutes de lecture

Paris, 4 mars 2025 (AFP) - Si sa consommation totale de gaz a encore reculé en 2024, la France reste une porte d'entrée majeure pour le gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe, en particulier celui provenant de Russie, dont elle est le premier importateur dans l'UE.

La Russie était le deuxième fournisseur de GNL de la France en 2024, derrière les États-Unis, selon plusieurs instituts.

Un commerce légal, aucune sanction ne frappant pour l'heure le gaz russe, contrairement au pétrole et au charbon. Mais les questions de dépendance qu'il soulève suscitent des appels réguliers d'ONG à cesser ces importations qui alimentent des flux financiers vers des sociétés russes.

Alors qu'une interdiction des transbordements de GNL russe sur des navires le réexportant vers des pays hors UE doit entrer en vigueur en mars 2025, le gaz russe restant sur le sol européen ne sera pas concerné.

Dans l'UE, la chute des livraisons de gaz russe par gazoducs, divisées par trois entre 2021 et 2023, n'est pas compensée par celles sous forme liquide (GNL) par navires méthaniers.

La tendance est la même en France, mais les importations de GNL russe y restent dynamiques: les volumes importés ont augmenté de 81% en 2024, représentant 2,68 milliards d'euros versés à des sociétés russes, a indiqué fin février l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA).

"Environ un tiers (34%) des importations de GNL de la France en 2024 provenaient de Russie", qui était son deuxième fournisseur de GNL, derrière les États-Unis (38%) et devant l'Algérie (17%), estimait-il.

"32% des entrées de GNL en France proviennent du gaz russe, ce qui représente à peu près 18% du total", a confirmé mardi Sandrine Meunier, directrice générale de l'opérateur du réseau de transport de gaz NaTran (ex-GRTgaz), tout en appelant à la prudence face aux estimations diverses.

Le Centre for research on energy and clean air (CREA) dispose de données légèrement différentes, mais faisant aussi état d'une forte hausse en 2024 (+46% à 7,7 milliards de mètres cubes - mmc).

La France étant l'un des pays européens les mieux dotés en terminaux méthaniers, des analystes interrogés par l'AFP expliquent cette hausse par une progression des réexportations, possiblement vers l'Allemagne, au moment où le gaz russe était moins cher que ses concurrents.

Difficile toutefois de savoir précisément vers quels pays, puisqu'une fois injecté dans le réseau, le gaz est mélangé à d'autres.

Interrogé en février sur cette hausse, le ministère de l'Économie a souligné que "plusieurs sociétés européennes, qui avaient réservé des capacités dans les terminaux méthaniers français, utilisaient désormais ces capacités pour importer des quantités croissantes de GNL russe".

Il rappelle aussi que les autorités françaises "soutiennent fortement l'objectif européen de se défaire dès que possible de la dépendance aux importations de gaz, de pétrole et de charbon en provenance de Russie".

Montré du doigt pour ses importations en provenance de Yamal LNG, immense champ gazier en Sibérie dont il détient 20%, le géant français TotalEnergies souligne agir en conformité avec les "décisions de l'Union européenne de maintenir à ce stade l'approvisionnement en gaz russe". Il rappelle par ailleurs qu'il ne peut dénouer les contrats de long terme signés avec des sociétés russes sans subir d'importantes pénalités financières.

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