Paris, 27 mai 2024 (AFP) - François Hollande a estimé lundi qu'"il serait sans doute nécessaire de suspendre" les livraisons de gaz liquéfié (GNL) de la Russie vers l'Europe, au moment où l'UE envisage de nouvelles sanctions pour réduire la capacité de Moscou à financer la guerre en Ukraine.
"A titre personnel, je n'ai pas de responsabilité pour en décider, mais quoi qu'il en coûte (...) il serait sans doute nécessaire de suspendre ce type de livraison", a déclaré l'ancien chef d'Etat au Sénat à propos du GNL, gaz liquide acheminé par bateaux, qui échappe pour l'heure aux sanctions européennes contre Moscou.
M. Hollande avait été invité à s'exprimer lundi devant la commission sénatoriale d'enquête sur TotalEnergies et le climat.
Les volumes d'importations de GNL, notamment opérées par TotalEnergies qui a beaucoup investi en Sibérie, se sont envolés en Europe depuis la guerre en Ukraine pour compenser l'asséchement des approvisionnements de gaz russe par les gazoducs terrestres.
L'Union européenne, qui a déjà lancé treize paquets de sanctions contre la Russie et notamment contre son pétrole, envisage désormais de cibler le GNL russe dans le cadre d'un nouveau paquet de sanctions, en interdisant son transfert via l'UE en direction de pays tiers.
La Belgique, la France, les Pays-Bas et l'Espagne sont les principaux points de livraison de GNL en provenance de la péninsule sibérienne russe de Yamal, selon une étude de l'ONG environnementale allemande Urgewald.
"C'est un atout considérable pour la Russie et une source de financement importante et un contournement en réalité des sanctions", a souligné l'ancien président lundi.
"Il y aurait sûrement des effets sur le prix du gaz. Peut-être qu'il y aurait aussi, ce qui serait contradictoire avec nos objectifs climatiques, des importations de GNL venant d'autres pays (...) mais je pense que là, il y aurait un principe de cohérence politique", a-t-il ajouté.
Installée à l'initative du groupe écologiste au Sénat, cette commission d'enquête sur TotalEnergies et le climat, présidée par le LR Roger Karoutchi avec l'ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot en rapporteur, doit rendre son rapport d'ici mi-juin.
Installée en janvier, elle porte sur "les moyens mobilisés et mobilisables par l'État pour assurer la prise en compte par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France".