🚨️Remaniement : inquiétudes et interrogations sur la place de la transition énergétique

12 janvier 2024   •   3 minutes de lecture

Paris, 12 jan 2024 (AFP) - La place de l'environnement et de la transition énergétique parmi les priorités du nouveau gouvernement de Gabriel Attal suscite interrogations et inquiétudes, au moment où le portefeuille stratégique de l'énergie doit rejoindre un Bercy renforcé.

Christophe Béchu a été confirmé jeudi à son poste de ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires.

La WWF y a aussitôt vu un "gage de stabilité". "Cependant, sa relégation à l'avant-dernier rang des ministres nous interpelle", a réagi l'organisation, craignant que cette lointaine place protocolaire ne reflète, plus généralement, un recul de l'environnement dans l'ordre des priorités de l'exécutif.

Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a toutefois pris soin de mentionner ces thématiques en égrenant jeudi soir sur TF1 les dossiers sur lesquels il promet de répondre aux "attentes" des Français: "la valorisation du travail, la sécurité, nos services publics, l'école, l'hôpital, le défi de l'environnement de la planète et de la lutte contre le réchauffement climatique aussi".

Autre promesse de stabilité, le secrétariat général à la planification écologique (SGPE), censé coordonner cette priorité à travers tous les ministères, demeure sous l'autorité du Premier ministre et devrait rester dirigé par l'influent Antoine Pellion. "Je me réjouis", a salué ce dernier sur X (ex-Twitter).

Equilibres

C'est toutefois une disparition de taille qui suscitait une certaine incompréhension lors de l'annonce du gouvernement jeudi soir: celle d'un ministre de plein exercice dévolu à l'énergie, sujet qui passe désormais sous la tutelle d'un Bercy une nouvelle fois renforcé.

Ce rôle était jusqu'à présent assuré par Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, également en charge du climat et à ce titre représentant par exemple la France lors des COP.

La ministre a eu de lourds dossiers à porter depuis 2022, de la sécurité de l'approvisionnement gazier dans le contexte de la guerre en Ukraine à la relance du nucléaire en passant par les pénuries à la pompe faisant suite aux grèves dans les raffineries.

"Avoir la responsabilité de l'énergie, c'est se donner les meilleures chances d'accélérer la réindustrialisation du pays et la réalisation du programme nucléaire français", s'est pour sa part félicité dans Le Figaro Bruno Le Maire, ministre de l'Economie.

Mais les détails de ce transfert de l'énergie ne seront connus qu'avec la publication des décrets d'attribution. Un ministre délégué doit aussi être vraisemblablement nommé pour s'occuper de l'énergie, peut-être également avec l'industrie.

Parmi les questions en suspens: qui va désormais s'occuper du climat et représenter la France à la COP29 en fin d'année à Bakou? Quels ministres auront les tutelles de la direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), administration clef ?

Au ministère de la Transition écologique, on indique à l'AFP que "les équilibres seront tranchés d'ici le début de la semaine prochaine".

Fil conducteur

En attendant, le départ pour Bercy des questions énergétiques est accueillie avec inquiétude par certains observateurs.

"C'est casser une organisation qui datait de 2007 où la transition écologique était le fil conducteur entre l'énergie, les transports, le logement" et "un très mauvais signal", a aussitôt regretté auprès de l'AFP Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC).

Pour l'ONG Greenpeace, c'est un "scandaleux retour en arrière et une nouvelle illustration que la politique énergétique des gouvernements d'Emmanuel Macron se résume à une obsession de la relance du nucléaire, quoi qu'il en coûte".

La nouvelle organisation gouvernementale fait également tousser les professionnels de la filière des énergies renouvelables, craignant d'être oubliés par un Bruno Le Maire plutôt connu pour son soutien marqué à l'énergie nucléaire.

"On peut être surpris de l'absence d'un ministère de l'Energie de plein droit, notamment après qu'on ait connu en 2022 une crise énergie historique, qui n'est pas un sujet derrière nous", souligne Michel Gioria, délégué général de France Renouvelables.

Pour le Syndicat des énergies renouvelables (SER), la suppression de ce ministère est "un mauvais signal quant au volontarisme politique" sur la transition énergétique, juge aussi son président Jules Nyssen.

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