🚨️Dans les petites entreprises, des prix de l'électricité à la hausse ou à la baisse

22 janvier 2024   •   3 minutes de lecture

Paris, 22 jan 2024 (AFP) - C'est un paradoxe: les factures d'électricité augmenteront le 1er février pour les 1,7 million de petites entreprises qui ont souscrit au tarif réglementé d'EDF, mais d'autres verront leurs tarifs baisser, à la faveur de l'effondrement des cours sur le marché européen.

Après 4% de hausse en février 2022, 15% en février 2023 et 10% en août 2023, la quatrième augmentation du prix de l'électricité en deux ans annoncée dimanche par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire suscite la colère de syndicats professionnels et d'associations de consommateurs.

"Ce ne sont pas les seuls ménages au tarif réglementé qui vont trinquer", a mis en garde Marie-Amandine Stévenin, présidente de l'UFC-Que Choisir.

Cette hausse sur la facture est uniquement due au rétablissement partiel de la taxe intérieure de consommation finale de l'électricité (TICFE) par le gouvernement, qui avait été abaissée au minimum quand était activé le bouclier tarifaire.

Objectif pour le gouvernement désormais: faire des économies budgétaires.

Des particuliers aux entreprises, tout le monde est concerné par la hausse de cette taxe: les abonnés au tarif réglementé d'EDF (le tarif dit bleu, le tarif heures pleines/heures creuses, ou l'offre Tempo), soit environ 20 millions de clients, mais aussi les particuliers et professionnels qui ont souscrit une offre de marché à prix fixe ou variable chez un fournisseur alternatif.

En moyenne, la facture augmentera de 8,6 à 9,8% pour les ménages abonnés au tarif réglementé d'EDF.

Dans les entreprises, l'augmentation devrait être un peu moindre, de l'ordre 5,2% à 8%. Cela touchera 1,7 million de très petites entreprises (soit un tiers des TPE) qui bénéficient du tarif réglementé de vente (TRV), parce qu'elles consomment assez peu, avec un compteur de puissance inférieure à 36 kVA.

Pour ces entreprises, "on est à 40-44% d'augmentation sur deux ans", souligne Jean-Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des indépendants et des TPE (SDI).

Au Kennedy, une boulangerie familiale près de la mairie de Lille, Carole Dehon, 54 ans, qui travaille là depuis 18 ans, s'inquiète déjà. "J'ai le choix. Soit je n'augmente pas, parce que les gens n'ont pas les moyens en ce moment, mais dans ce cas-là, je perds mes marges et ça va être de plus en plus compliqué. Soit j'augmente mes prix et je perds encore plus de clients qui font eux-mêmes attention", explique-t-elle.

Tout dépend du contrat

Daniel Salenc à la tête de cinq boulangeries dans les Bouches-du-Rhône et membre du bureau de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Provence-Alpes-Côte d'Azur se dit lui aussi "consterné". "On ne peut pas subir une hausse de presque 50% des coûts des matières premières, des emballages, le fait de devoir augmenter notre personnel (...) et avoir une nouvelle hausse du prix de l'énergie."

Outre les boulangers, qui étaient montés au créneau l'hiver dernier en se disant pris à la gorge par l'explosion des factures, d'autres métiers seront touchés, comme les commerces alimentaires disposant de frigos, les bouchers, mais aussi les pressings, énumère Jean-Guilhem Darré.

Mais Bercy assure que "la plupart des entreprises verront leur prix de l'électricité baisser en 2024 par rapport à 2023".

Pourquoi?

Parce que certaines petites entreprises ont des contrats qui s'ajustent selon les cours du marché, et ceux-ci ont plongé récemment. Le prix du kWh de 2024 est bien inférieur à celui de 2023. La hausse de taxe, que ces entreprises paieront, n'effacera qu'une partie de ce gain, insiste Bercy.

Les offres de marché devraient ainsi regagner un intérêt pour les consommateurs, qu'ils soient particuliers ou artisans.

Selon le ministère, une petite boulangerie avec un tarif réglementé en heures creuses, avec une consommation annuelle d'électricité de 90 MWh, verra sa facture augmenter en février de 116 euros par mois. Mais à consommation égale, une boulangerie en offre de marché verrait, elle, sa facture s'alléger de... 683 euros par mois, malgré une hausse de la fiscalité de 150 euros par rapport à 2023, d'après Bercy.

Reste le cas particulier des entreprises qui restent liées à des contrats de deux ou trois ans signés en 2022, au plus fort de la flambée des prix.

Pour ces dernières, l'Etat a annoncé en novembre le maintien pour 2024 d'un système d'aides complémentaires pour un budget total de 800 millions d'euros (plafond de prix à 280 euros le MWh, amortisseur, guichet d'aides).

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