Paris, 5 oct 2023 (AFP) - Les émissions de gaz à effet de serre de la production électrique mondiale sont restées quasiment inchangées au premier semestre 2023, ce qui pourrait signifier que le pic des émissions du secteur électrique est "proche", affirme le think tank Ember publié jeudi.
Au premier semestre, les émissions de CO2 générées par la production électrique ont augmenté de seulement 0,2% (soit +12 millions de tonnes de CO2) comparé à la même période en 2022, selon ce rapport.
"Le monde est sur le point de diminuer les émissions du secteur de l'électricité", a commenté Ember après avoir analysé les données mensuelles de 78 pays représentant 92% de la consommation électrique mondiale.
Jusqu'ici les émissions du secteur électrique n'avaient véritablement chuté que lors "de chocs économiques mondiaux tels que la crise financière de 2008 ou la pandémie de Covid-19 de 2020".
Dans le détail, les principales économies développées ont connu des baisses importantes des émissions attribuées à la production électrique: -17% dans l'UE, -12% au Japon et -8,6% aux États-Unis, surtout grâce au recul du charbon. En Chine, les émissions ont augmenté de 7,9%, en grande partie à cause des mauvaises conditions hydroélectriques, et de 3,7% en Inde.
Sans une "baisse historique de la production hydroélectrique due aux sécheresses" attribuées au changement climatique, "les combustibles fossiles et les émissions auraient diminué au premier semestre 2023", ajoute le rapport.
Les énergies fossiles - gaz et charbon en tête - continuent de produire la majorité de l'électricité mondiale (59,9% contre 60,1% au 1er semestre 2022), pour une production restée stable (+0,1%).
De leur côté, l'éolien et le solaire ont gagné du terrain en livrant au premier semestre 14,3% de l'électricité mondiale, quand elles produisaient 12,8% de l'électricité mondiale au 1er semestre 2022. Mais la croissance de cette production d'éolien et de solaire s'est faite à un rythme plus lent que l'an dernier, respectivement à +10% et +16%, contre +16% et +26% au premier semestre 2022.
La stagnation des émissions de l'électricité intervient dans un contexte de consommation électrique stable sur le semestre (+0,4%), une tendance bien inférieure à la croissance moyenne annuelle de la période 2012-2022 (+2,6%). Mais cette demande est "appelée à repartir à la hausse" pour faire face aux nombreux besoins en électrification, prévient Ember.
"Nous devons maintenant déclencher un déclin rapide des combustibles fossiles, en concluant un accord mondial visant à tripler la capacité des énergies renouvelables au cours de cette décennie", souligne Malgorzata Wiatros-Motyka, analyste en électricité à Ember citée dans le rapport.